Qui peut sauver la démocratie en Afrique ?
La démocratie est en péril en Afrique, mais sa survie dépend des Africains eux-mêmes, dans un contexte international où les puissances occidentales ont délaissé leurs idéaux au profit de leurs intérêts, ouvrant la voie à la progression des régimes autoritaires.
L'ancien Premier ministre tchadien, Albert Pahimi Padacké, pose une question cruciale : si la démocratie est en danger (ce qui est indéniable), représente-t-elle toujours un intérêt suffisant pour que quelqu'un vienne à son secours ?
Le recul des libertés et des droits humains est un phénomène mondial. La loi du plus fort reprend le dessus avec le déclin du multilatéralisme. L'Afrique, autrefois un échiquier d'influences, se retrouve désorientée face à un concert des nations où dominent les intérêts économiques et stratégiques nationaux.
L'Occident, jadis autoproclamé garant de la démocratie libérale, est en plein repli nationaliste. Le retour potentiel de Donald Trump symbolise cette dérive : Washington privilégie désormais des relations internationales transactionnelles, fermant les yeux sur les abus tant que ses intérêts ne sont pas menacés.
Ce nouvel "ordre des affaires" est indifférent aux considérations morales, légitimant de fait les régimes autoritaires qui trouvent dans ces partenariats sans condition un substitut confortable aux anciennes exigences morales occidentales.
L'Occident a perdu de sa stature de phare moral, connaissant un déclin à la fois moral et économique. La montée en puissance des pays émergents en Afrique, qui n'accordent aucune importance aux valeurs démocratiques, pousse même l'Europe à les reléguer au second plan au profit des affaires. La défense des droits et de la démocratie n'est plus qu'une simple posture rhétorique face aux grandes crises mondiales.
Dans ce contexte de concurrence géo-économique, les droits humains deviennent une variable d'ajustement.
En Afrique francophone, l'échec des autocrates civils a mené à une progression inquiétante des régimes dynastiques et des juntes militaires (Bamako, Ouagadougou, Niamey, Conakry), souvent accueillis par une partie de la population désabusée. Abandonnés par les démocraties occidentales, les peuples africains voient l'idéal démocratique reculer face à la pauvreté, la désinformation et un désenchantement généralisé.
La jeunesse africaine, majoritaire et connectée, est prise entre son désir légitime de liberté et de démocratie, et la tentation de se laisser séduire par des discours souverainistes et complotistes. L'auteur met en garde contre la théorie complotiste, la qualifiant de "raccourci paresseux" qui déresponsabilise l'Africain face à son destin et retarde le décollage du continent.
L'Afrique est à la croisée des chemins, entre son aspiration à la liberté et le retour des régimes autoritaires.
La conclusion est sans appel : aucune puissance étrangère ne viendra libérer les Africains des autocraties. La communauté internationale ne viendra pas installer la démocratie à leur place, car la liberté ne s'exporte pas, elle se conquiert.
Seul l'engagement conscient et la mobilisation de la jeunesse africaine pourront véritablement sauver la démocratie sur le continent.
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