En pleine campagne pour l’élection présidentielle d’octobre 2025, Ahoua Don Mello se distingue par un discours résolument souverainiste. L’ingénieur des ponts et chaussées, ancien ministre de l’Équipement et de l’Assainissement sous Laurent Gbagbo, se présente comme candidat indépendant, convaincu que cette position lui permettra de rassembler au-delà des clivages partisans.

« Être candidat indépendant, c’est la meilleure façon de passer du multipartisme à une véritable démocratie », a-t-il confié dans un entretien accordé à BBC News Afrique.

Une candidature indépendante pour une unité nationale

À 66 ans, Ahoua Don Mello entend incarner un nouvel élan politique fondé sur la compétence et la cohésion. Selon lui, l’indépendance politique n’exclut pas la collaboration :

« La démocratie se construit en équipe. Il faut rechercher des partenaires compatibles pour sensibiliser et mobiliser les électeurs. L’un des plus grands adversaires d’une élection, c’est l’abstention », souligne-t-il.

Malgré son départ du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPACI), le candidat garde des attaches et des soutiens issus de cette formation. Il rappelle d’ailleurs que lors des dernières élections locales, les candidats indépendants ont obtenu plus d’élus que les partis d’opposition réunis.

Une vision économique axée sur la souveraineté et l’industrialisation

Le cœur du programme de Don Mello repose sur une ambition : transformer l’économie ivoirienne. Il prône une véritable révolution industrielle pour absorber la jeunesse et créer des emplois durables.

« Notre priorité est de transformer l’économie agricole en une économie industrielle capable d’offrir des emplois formels et de bâtir un système de sécurité sociale pour tous », déclare-t-il.

Mais au-delà de la production, il défend une vision globale : celle d’une Côte d’Ivoire souveraine, libre de ses choix

économiques, monétaires et sécuritaires.

« Tant que nous n’avons pas une monnaie souveraine, nos réserves en devises ne nous appartiennent pas. Le développement passe d’abord par la souveraineté monétaire et sécuritaire », insiste-t-il.

Soutien à une défense africaine repensée

Face à la montée des tensions dans la sous-région, notamment dans les zones frontalières, Don Mello prône une coopération renforcée entre les États africains. Il cite en exemple les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), qu’il considère comme engagés sur la voie de la souveraineté.

« La seule façon de faire face au djihadisme, c’est de repenser notre défense sous-régionale », affirme-t-il.

Amnistie et réconciliation comme premières mesures

S’il accède à la magistrature suprême, sa première décision serait l’adoption d’une loi d’amnistie générale, destinée à apaiser le climat politique et à tourner la page des tensions héritées des crises passées.

« Cette loi mettra fin aux dérives du multipartisme et ouvrira une nouvelle ère démocratique », promet le candidat.

Il prévoit également la mise en place d’un Conseil des sages chargé d’élaborer, de manière consensuelle, les règles d’une démocratie durable et apaisée.