Nigeria : plus de 600 000 enfants risquent la malnutrition
Les organisations humanitaires lancent un cri d'alarme : des coupes massives dans le financement menacent la distribution de nourriture et mettent en péril la survie des populations les plus fragiles au Nigeria. La crise est particulièrement aiguë dans le nord du pays, une région où des millions de personnes dépendent totalement de l'aide alimentaire pour survivre, après avoir fui les violences des groupes terroristes.
Soumbami Tukunabo, travailleur humanitaire pour l'organisation italienne InterSOS, explique l'enjeu : « Nous distribuons du sorgho et du riz. C’est leur seule source de subsistance, la seule manière pour eux de se nourrir et de survivre. Ces populations dépendent entièrement du Programme alimentaire mondial pour recevoir ces denrées vitales. Il serait très regrettable de leur annoncer qu’en raison des coupes budgétaires mondiales, le nombre de bénéficiaires va être réduit. »
La situation est jugée dramatique par Acel Kats, représentant du PAM au Nigeria. « Normalement, le programme alimentaire du PAM devrait pouvoir fournir une assistance à environ 1,6 million de personnes durant cette période.
Malheureusement, cela n’est pas possible cette année en raison d’une pénurie de ressources sans précédent », déplore-t-il. Les conséquences sont directes : en juillet dernier, plus de 150 cliniques ont dû fermer, privant des enfants et des nourrissons de soins essentiels et de nourriture spécialisée.
À Bama, dans l’État de Borno, les coupes budgétaires ont déjà impacté l'aide : la distribution alimentaire est menacée, et le nombre de bénéficiaires a été réduit, l'aide ne ciblant plus que les plus vulnérables.
Ce manque de financement est en partie dû à la diminution de l'aide étrangère. Jusqu'à récemment, les États-Unis assuraient plus de la moitié de l'aide au Nigeria.
Toutefois, l'annonce par le président Donald Trump du démantèlement de l’USAID peu après son investiture a entraîné une baisse significative de l'aide américaine. D'autres pays occidentaux suivent cette tendance en réduisant leurs budgets de développement.
Sur le terrain, l'impact humain est poignant. Amina Mtofio, médecin à la clinique de Mafa, confie son désarroi : « Je me sens mal pour eux, et pour moi aussi.
Cela va affecter mon travail. Je ne pourrais supporter de voir mourir des enfants, des mères, alors que je peux les aider. » Elle insiste sur l'urgence de prendre en charge les mères souffrant de malnutrition, leur santé étant essentielle à celle de leurs nourrissons.
Actuellement, plus de 600 000 enfants sont menacés par la malnutrition. Les experts appellent la communauté internationale à une réaction immédiate pour prévenir un désastre humanitaire de grande ampleur.
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