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Simone Ehivet Gbagbo: ''On ne peut pas tourner le dos à l'AES ''

Auteur: BBN News Afrique

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Simone Ehivet Gbagbo: ''On ne peut pas tourner le dos à l'AES ''

Elle est l'une des plus aguerries en matière de politique dans cette élection ivoirienne du 25 octobre. Simone Ehivet Gbagbo a un long passé de militante. Elle a créé le FPI (Front Populaire Ivoirien) avec son ex-mari, Laurent Gbagbo au début du multipartisme en Côte d'Ivoire. Elle a été à la tête de l'État à côté de lui en continuant d'exercer une forte influence. Elle a été incarcérée pendant plusieurs années à la suite de la crise politique 2010-2011 avant d'être graciée. 

Divorcée de Laurent Gbagbo, elle est désormais à la tête du MGC (Mouvement des Générations Capables) qu'elle a créé en août 2022. 

Agée de 76 ans, elle se présente à l'élection présidentielle avec une volonté de changer la mentalité des Ivoiriens et de les réconcilier. 

Dans cet entretien avec BBC News Afrique, Simone Gbagbo présente les trois grands piliers de son programme, mais aussi évoque les relations difficiles qu'entretient la Côte d'Ivoire avec l'AES.

BBC News Afrique: Vous évoquez trois piliers majeurs dans votre programme présenté aux électeurs ivoiriens. Le premier concerne la réconciliation nationale. Ce sujet a déjà beaucoup été abordé en Côte d'Ivoire, mais selon vous, où en est-on réellement aujourd'hui ? Pensez-vous que la réconciliation n'a pas atteint le niveau souhaité, voire n'a pas encore véritablement commencé ? Et surtout, quelle est votre approche pour réconcilier les Ivoiriens ?

Simone Gbagbo: Vous savez, dans ce pays, nous avons connu une crise énorme. Et donc, il est bon que les Ivoiriens se parlent entre eux.

Que ceux qui ont des choses encore sur le cœur acceptent de pardonner. Il faudra faire des plaidoyers pour cela. Et que ceux qui au contraire, ont porté des coups à leurs concitoyens demandent pardon. Ça, c'est le premier niveau. 

Le deuxième niveau, c'est que pendant cette crise-là, nous avons eu des morts. Beaucoup de morts. Il faut faire quelque chose au niveau de l'État pour que les morts soient reconnus. Et que l'on bâtisse quelque chose pour la reconnaissance, l'hommage qu'on apporte aux morts. La troisième chose, c'est qu'il y a eu beaucoup de destructions. Il y a eu beaucoup de biens qui ont été pillés. Beaucoup de biens volés. Il faut qu'on puisse organiser la restitution des biens, des champs, des maisons et tout ce qui a été volé. Et puis également, là où on ne peut pas restituer, mais qu'on peut dédommager, qu'on dédommage. Tout ça, c'est des choses qui sont à faire et qui n'ont pas encore été faites.

BBC News Afrique: Le deuxième pilier de votre programme porte sur la transformation. Mais lorsque vous en parlez, il ne s'agit pas seulement de transformation industrielle ? Vous évoquez une approche plus large et plus globale de cette transformation ?

Simone Gbagbo: Oui, il y a bien sûr la transformation industrielle. Parce que ce que nous produisons là, il est important que nous y apportions nous-mêmes la valeur ajoutée nécessaire, pour que nos producteurs et les Ivoiriens qui vont aborder ces secteurs d'activité-là acquièrent effectivement des ressources, de l'argent. Mais la transformation, elle est d'abord d'ordre mental. Nous allons travailler à la transformation des mentalités. La transformation, elle va concerner également l'éducation. Restructurer complétement l'éducation dans notre pays, pour pouvoir former nos jeunes et leur apporter de la connaissance dont ils ont effectivement besoin aujourd'hui pour moderniser toutes nos sociétés. Donc transformation dans plusieurs secteurs.

Et puis troisièmement, la souveraineté. Nous avons aujourd'hui dans toute l'Afrique un vrai défi de faire grandir l'Afrique. Et pour faire grandir l'Afrique, on est obligé de travailler à ce que l'Afrique devienne plus souveraine, moins dépendante des autres puissances. Et qu'elle soit capable d'apporter au reste du monde des choses, des savoir-faire, des connaissances, des compétences, des solutions qui vont aider au développement et à la sauvegarde de toute l'humanité. Et pour ça, il faut que les Ivoiriens, il faut que les Africains soient capables de prendre leurs décisions par eux-mêmes pour leurs peuples, pour leurs nations et pour leur économie. Et c'est ça que nous appelons la souveraineté.

BBC News Afrique: Justement vous parlez de ce que la Côte d'Ivoire et l'Afrique peuvent apporter au monde, juste à nos frontières, il y a des pays qui sont troublés. Qu'est-ce que vous pensez des relations que la Côte d'Ivoire doit avoir avec ces pays ? Je parle des pays de l'AES.

Simone Gbagbo: Mais les pays de l'AES sont aujourd'hui troublés parce qu'ils sont sur le chemin, justement, de cette conquête-là de la souveraineté. C'est ça qui fait qu'ils sont troublés. Parce que ce n'est pas une épreuve facile. Mais ce que nous autres, nous pouvons apporter, c'est un soutien, c'est une aide pour que l'AES s'en sorte. Si l'AES réussit, la Côte d'Ivoire réussira. Si l'AES réussit, la Guinée, le Sénégal et le Bénin réussiront aussi.

Il faut donc soutenir les efforts de l'AES pour les aider à progresser sur la voie du développement, de la souveraineté, de la démocratie et du respect des droits des citoyens et des peuples.

C'est ainsi que notre continent et notre sous-région pourront se construire. 

On ne peut pas en Côte d'Ivoire dire qu'on va tourner le dos à l'AES. Ce n'est pas possible.

BBC News Afrique: Vous avez une longue expérience politique : vous avez exercé des fonctions électives, dirigé l'État aux côtés de votre ex-mari, fondé un nouveau parti et connu la prison. Comment cette expérience globale influence-t-elle votre approche et votre stratégie pour les élections à venir ?

Simone Gbagbo: Il y a déjà toute la connaissance de cette histoire que j'apporte dans ces élections. Il y a la quête de la vraie paix que je vais apporter dans ces élections. Il y a le besoin vraiment profond d'aider cette Côte d'Ivoire à devenir une nation prospère, une nation respectée . Donc, j'ai eu des connaissances, j'ai eu des relations, j'ai eu de l'expérience. Je voudrais mettre tout ça dans ces élections.

BBC News Afrique: Un mot aux électeurs ?

Simone Gbagbo: Je voudrais dire aux électeurs que c'est encore possible dans ce pays-là que nous obtenions l'alternance et que nous installions un vrai régime, vraiment démocratique, qui va créer la vraie prospérité dans cette nation.

Ce que je leur demande pour cela, c'est de sortir en grand nombre pour voter. Que personne ne reste à la maison: sortez, votez. Et de cette façon, participez à la conquête du pouvoir, installons ensemble ce nouvel Etat, cette nouvelle nation qu'est la Côte d'Ivoire.

Merci beaucoup

Auteur: BBN News Afrique
Publié le: Vendredi 17 Octobre 2025

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