Iran : la robe de mariée de la fille d’un haut dignitaire embarrasse la république islamique
Ce mariage à l’occidentale contraste avec le rigorisme iranien, alors que le régime envisagerait de mobiliser 80.000 nouveaux agents de la police des mœurs pour faire respecter le code vestimentaire islamique.
Depuis vendredi dernier, la vidéo d’un mariage enflamme les réseaux sociaux iraniens. La mariée, Fatima Shamkhani, y apparaît en robe décolletée, au bras de son père Ali Shamkhani, haut conseiller du Guide suprême Ali Khamenei et ancien secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale. Alors que la république islamique impose aux femmes un code vestimentaire strict, ces images passent mal auprès de l’opinion iranienne.
Selon Iran International, une chaîne de télévision anglo-iranienne suspectée de proximité avec le gouvernement saoudien, les images auraient fuité le 17 octobre 2025. Le mariage, cependant, aurait eu lieu dès avril 2024. Des opposants au régime iranien, dont la journaliste et militante américano-iranienne, Masih Alinejad, ont largement relayé l’extrait de la cérémonie.
Une séquence montre Fatima Shamkhani vêtue d’une robe de mariée blanche sans bretelles, décolletée, avec un voile transparent, au bras de son père. Enfin, la mère de la mariée porte une robe bleue décolletée. Les nombreuses invitées visibles à l’écran ne portent pas de hijab.
Un mariage à l’occidentale qui contraste avec le rigorisme habituel du régime, alors que l’Iran envisagerait de mobiliser 80.000 nouveaux agents de la police des mœurs pour faire respecter le code vestimentaire islamique. Une mesure que le secrétaire à Téhéran de la promotion de la vertu et de la répression du vice, Rouhollah Momen-Nasab, a annoncée à la presse iranienne jeudi 16 octobre.
Depuis la Révolution islamique de 1979, les femmes iraniennes ont en effet l’obligation de dissimuler leurs cheveux dans les lieux publics. Or, elles sont de plus en plus nombreuses à braver les injonctions des autorités. La mémoire de Mahsa Amini, morte en détention en septembre 2022 pour infraction au code vestimentaire, est toujours vive dans l’opinion iranienne.
Outre la polémique liée à la robe de mariée, une partie des Iraniens s’irrite du faste de la cérémonie, eu égard à l’inflation qui frappe le pays, notamment en raison des sanctions internationales. «Pour ces gens-là», écrit le média réformateur, Fararu, «Ali Shamkhani n’est pas différent d’un acteur de cinéma. Écrasés sous une inflation débridée et insupportable, les citoyens qui regardent la fille de Shamkhani se marier dans un hôtel de luxe ne peuvent que s’indigner».
Le principal intéressé, Ali Shamkhani, a réagi laconiquement sur X. «Bande de salauds, je suis toujours en vie», a-t-il répondu à ses détracteurs. Un message rédigé en hébreu, façon de charger Israël, qu’il accuse implicitement d’avoir orchestré la fuite.
D’autres officiels iraniens ont également commenté la situation. Selon des médias proches du gouvernement iranien, le président du Conseil d’information du gouvernement, Elias Hazrati, a réagi publiquement à la diffusion de l’extrait. «Il faut être vigilant, car l’objectif principal de cette guerre médiatique est de créer de la méfiance et du désespoir dans la société, et non de critiquer ou de corriger le comportement des individus», aurait-il déclaré lors d’une réunion politique dans la province de Qazvin. Affaire à suivre.
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