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Afrique

Mali: «l'armée ne doit pas justifier ses exactions par celles des terroristes», selon Amnesty

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Détail de l'insigne d'un membre de l'Armée malienne (Fama), à Anderamboukane, dans la région de Ménaka, le 22 mars 2019.

Au Mali, dans deux vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux depuis lundi soir, ce lieutenant-colonel est filmé alors qu'il s'adresse aux habitants d'un village soupçonné d'être en lien avec les groupes jihadistes. Dénonçant les violences des jihadistes, le haut-gradé malien appelle les jihadistes à déposer les armes et explique que l'objectif de l'armée est de sécuriser le pays.

Mais dans la vidéo tournée près de Nioro du Sahel, selon plusieurs sources locales dans le village de Koriga, commune de Gavinané, le lieutenant-colonel Koumaré évoque aussi, devant les habitants, les mutilations et les exécutions auxquelles se livrent les soldats maliens et les villages brûlés de ceux qui « n'avaient pas compris ».

« Cela conforte ce qu'on savait déjà. Les enquêtes et les témoignages des populations l'avaient montré. Mais là, on a un officier supérieur malien, pas un simple soldat, qui reconnaît les allégations portées contre les forces armées maliennes. Et qui menace non seulement les combattants mais aussi les populations civiles d'exactions et de destructions ! », pointe Ousmane Diallo, chercheur à Amnesty International sur les droits humains au Sahel.

Des propos en contradiction avec le discours officiel de l'armée et des autorités de transition

Face aux violences des jihadistes, eux-mêmes responsables de centaines de morts et qui obligent des parties entières du territoire à se soumettre à leurs règles, les violences des Forces armées maliennes ne sont-elles pas justifiées ? C'est l'argument invoqué dans son discours par l'officier supérieur malien, mais que conteste Ousmane Diallo.

« La violence en temps de guerre est toujours encadrée par le droit international humanitaire. Il y a des conditions où l'armée peut utiliser de la violence tant qu'elle respecte la protection des civils. Une armée qui est censée être beaucoup plus légitime ne doit pas justifier l'usage de la violence sur la base des exactions commises par les groupes terroristes. À savoir potentiellement des crimes de guerre ici parce qu'il a parlé de gens égorgés et de villages brûlés. Au bout du compte, ce sont les populations civiles de ces zones rurales qui portent le fardeau de cette violence des deux côtés », rappelle le spécialiste des droits humains.

Les propos du lieutenant-colonel Koumaré sont en tout cas en contradiction avec le discours officiel de l'armée et des autorités maliennes de transition. Ces dernières ont toujours nié toute exaction et défendu de manière récurrente dans leurs communiqués le « professionnalisme » des « vaillantes forces armées maliennes qui respectent les droits humains ».

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