Affaire «7 à 8 enfants par femme en Afrique» : Le démographe Gilles Pison met à nu l’inculture de Macron

« Retournons deux siècles et demi en arrière, en France, au milieu du XVIIIe siècle. La fécondité se situait autour de 5 enfants, en moyenne, par femme et l'espérance de vie était inférieure à 30 ans ». C’est ce qu’indique une étude sur la démographie du chercheur Gilles Pison, directeur de recherche à l’Ined, enseignée dans les cours sur le Développement durable sur Coursera.

En effet, cette étude affirme qu’en ces siècles « les familles avaient beaucoup d'enfants ». « Un couple, une femme mettait au monde en moyenne six bébés. Mais la majorité mourrait dans l'enfance, et seuls deux parmi les six en moyenne, arrivaient à l'âge adulte, et remplaçaient les parents. Donc, autant de naissances que de décès. La population stagnait. Alors, dans le détail, localement, la population augmentait. Mais, périodiquement, des famines, des épidémies, décimaient la population, qui mettaient une, deux, trois générations pour récupérer. Donc, sur le long terme, c'était une stagnation, ou une croissance extrêmement lente ». 

Mais après ces siècles, la population mondiale a commencé à s’accélérer pour atteindre les milliards dans le 20e siècle, grâce au développement de la médecine. « Il y a deux siècles, dans une partie du monde, en Europe, et en Amérique du Nord, on observe un changement. La mortalité se met à baisser. Le XVIIIe siècle est un siècle de progrès socio-économiques. C'est aussi à la fin du XVIIIe siècle, les premiers progrès de l'hygiène et de la médecine. La mortalité se met à baisser, notamment celle des enfants. 

Les recherches de Pison font état de l’évolution de la fécondité qu’en Chine et Inde. « En 1950 et dans les années après, dans les deux pays, les femmes avaient autour de six enfants en moyenne chacune. Dans les deux pays, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, la fécondité s'est mise à baisser jusqu'à atteindre un niveau, en 2013, de 1, 5 à 1,6 enfant en moyenne par femme en Chine et 2,5 enfants en moyenne en Inde ». 

C’est donc récemment que ces pays sont entrés dans la transition démographique avec les limitations des naissances. Le point à retenir est que ces nombreuses naissances n’ont pas empêché la Chine d’être une grande puissance économique pour être aujourd’hui la première puissance économique mondiale (17,3% du PIB mondial) devant les Etats (15,8%).

En ce qui concerne la population africaine, les études de Pison démontrent qu’elle est l’une des évolutions futures importantes. « En Afrique, Afrique du Nord comprise, la population était de 230 millions d'habitants en 1950, contre 550 millions pour l'Europe. L'Europe, est ici comprise, comme Europe au sens large, de Brest à Vladivostok, donc incluant la Russie notamment. La population de l'Afrique a augmenté sensiblement, elle atteint un peu plus d'un milliard d'habitants en 2013, en incluant l'Afrique du Nord. »

Cela s’explique par les bienfaits de la médecine et que contrairement aux Occidentaux et certains pays d’Asie, l’Afrique n’est pas avancée dans sa transition démographique. La contraception et le planning familial commencent petit-à-petit à entrer dans les mœurs.

La comparaison entre la population  européenne et africaine, selon Pison, montre que malgré son grand nombre de pays grand également en superficie, l’Afrique avait une population inférieure à l’Europe. « 230 millions d'habitants en 1950, contre 550 millions». On peut en déduire que les Européens font plus d’enfants plus que les Africains. Même en considérant le phénomène des migrations.  

En somme, le nombre élevé de naissances n’est pas l’apanage des Africains et le retard de développement de l’Afrique ne peut-être lié au nombre élevé de fécondité par femme. Le président français, Emmanuel Macron étale donc son ignorance et inculture en matière de démographie. Par contre il aura raison de dénoncer les mauvaises gouvernances, la corruption, les détournements de fonds, le clientélisme qui empêchent la mise en œuvre efficace des programmes de développement.

Là aussi, l’Afrique n’est pas experte en la matière, loin de nous l'idée d'encourager ces vilains comportements. Le scandale Fillon en est un exemple. Et Macron doit son élection à la présidentielle française à ce scandale, qui d’ailleurs continue avec les accusations au Modem, au Front national, etc. Nous ne parlerons des évasions fiscales avec les cas Cahuzac. Bref, la corruption règne même en Europe. Mais une chose que Macron n’a pas eu le courage de dire, c’est que l’Afrique se développera aussi bien que l’Occident et certains pays émergents d’Asie et l’Amérique latine, si la France les laissait libres s’exprimer et agir, plutôt que d’être dans leurs pattes.  Parce que sans ces pays, la France ne vaut rien.