La tension ne faiblit pas au Nicaragua. Une centaine de partisans du président Daniel Ortega et de paramilitaires ont agressé des prélats catholiques dans une basilique, lundi 9 juillet, à Diriamba, dans le Sud-Ouest. Une dizaine de manifestants de l'opposition s'étaient réfugiés dans la basilique San Sebastian depuis les violences meurtrières de dimanche. Une délégation d'évêques et de prêtres s'était rendue sur place.
L'Église catholique fait office de médiatrice au Nicaragua et avait annoncé une reprise du dialogue lundi entre le gouvernement et l'opposition, alors que le pays est secoué depuis mi-avril par une vague de contestation exigeant le départ du président, accusé de confisquer le pouvoir.
À son arrivée, la délégation menée par le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua et président de la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), et par le nonce apostolique (ambassadeur du pape), Stanislaw Waldemar Sommertag, a été accueillie aux cris d'"Assassins !" et "Menteurs !", lancés par des soutiens du gouvernement.
Les prélats ont ensuite été entourés et bousculés avant de se frayer difficilement un chemin jusqu'à l'intérieur de l'édifice. Les paramilitaires encagoulés en ont profité pour faire irruption dans la basilique et en expulser des opposants.
Journalistes dépouillés
Quelques minutes plus tard, un groupe d'hommes encagoulés, dont au moins trois étaient armés, ont malmené les prêtres et des personnes réfugiées dans l'édifice. Plusieurs journalistes nationaux et étrangers qui couvraient la visite ont également été attaqués et certains ont été dépouillés de leur matériel, notamment des reporters de l'AFP.
L'évêque auxiliaire de Managua, Silvio Baez, a déclaré avoir été blessé au bras et frappé à l'estomac. Mais "la souffrance qu'endure notre peuple" est bien "plus grave", a-t-il dit. Après l'incursion, il a indiqué que les personnes se trouvant dans la basilique avaient été "libérées".
"Nous avons subi cette action dure, forte et brutale contre nos prêtres, nous n'avions jamais vu de telles situations au Nicaragua, c'est vraiment triste", a déclaré le cardinal Brenes à son retour à Managua. "Il est douloureux de voir que les droits de l'Homme ne sont pas respectés. Ils ne respectent même pas les évêques", a déclaré à l'AFP dans la basilique Alvaro Leiva, secrétaire de l'Association nicaraguayenne des droits de l'homme (ANPDH).
Dimanche, des affrontements entre des forces gouvernementales et des opposants avaient fait au moins 14 morts - dont deux policiers - dans les villes de Jinotepe et de Diriamba (département de Carazo, sud-ouest), où des barricades avaient été érigées par les opposants.
Comme l'opposition, l'Église catholique du Nicaragua a appelé le président Ortega, 72 ans, à organiser des élections générales anticipées en mars 2019 au lieu de fin 2021, date de la fin de son mandat. Mais l'ex-guérillero sandiniste, au pouvoir depuis 2007 après l'avoir déjà été de 1979 à 1990, a exclu samedi d'avancer la date des élections, qualifiant ses opposants de "putschistes" et de "vandales".
Pour accentuer la pression sur Daniel Ortega, l'opposition nicaraguayenne a annoncé une grève générale de 24 heures pour vendredi, précédée d'une manifestation jeudi.
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