Côte d’Ivoire : Soro Guillaume, un réconciliateur en armes ?

Depuis son perchoir de l’Assemblée nationale, le 3 avril 2017, Soro Guillaume a prononcé un discours sur la réconciliation nationale à laquelle il a invité les Ivoiriens. Aussi, a-t-il décidé de faire de cette réconciliation son cheval de bataille.

Depuis lors, Soro prêche de plus en plus le pardon qui est devenu son maître-mot, va à la rencontre de ses ‘’ennemis’’ de pro-Gbagbo, force parfois le passage parce qu’il est persuadé que la réconciliation est le remède qu’il faut pour guérir la Côte d’Ivoire de ses blessures et meurtrissures. Il arbore la même attitude à l’endroit de ses adversaires au niveau du pouvoir qui voient de mauvais œil qu’il veuille se présenter à la présidentielle de 2020.

Ses messages se font de plus en plus apaisants. Il se présente en un homme différent, qui, tout en assumant ses actions passées, ne s’en vante pas. Dans ce projet de paix et de réconciliation, il a embarqué ses collaborateurs et très proches.

Tout semblait bien aller quand surgit cette affaire de cache d’armes à Bouaké découverte, lors de la récente mutinerie, dans une propriété de son chef de protocole. Le sérail de Guillaume Soro y avait vu un complot contre leur leader, parce que selon eux, les armes ont été déposées expressément là afin de l’accabler. Puis de revenir sur leurs propos.  «Ce n’est pas une acquisition récente. C’est ce que nous allons prouver pour mettre fin aux spéculations concernant la préparation d’un coup d’Etat», avait-dit un proche à en croire Lider, citant RFI.

"Garder le cap sur le rassemblement des Ivoiriens"

Montrant qu’il garde le cap sur son objectif de la réconciliation, Soro a repris son directeur de la communication qui a accusé Bédié d’avoir financé l’achat d’armes contre Laurent Gbagbo. « De retour du Maroc, j'ai noté que la toile était inondée de polémiques inutiles. Une fois encore je demande à mes proches de refuser les débats futiles. J'avais 29 ans quand pour la première fois j'ai déclaré et assumé la rébellion en Côte d'Ivoire. J'ai même écrit un livre: "Pourquoi je suis devenu un rebelle." N'accusez personne (ni Bedié ni Ouattara…) Ne vous laissez pas consumer par la haine, les insultes et les clabauderies. Je suis seul responsable. Ne polluez pas l'environnement des enquêtes. J'attends de tous des débats d'apaisement, des messages de Pardon et de réconciliation. Gardez le cap sur le rassemblement des ivoiriens. Paix sur la Côte d'Ivoire », a écrit Guillaume Soro.

Sans douter de la volonté de Soro et de ses proches de voir la Côte d’Ivoire réconciliée, [son compagnon le député Alain Lobognon écrivait : « Plus que jamais, notre pays a besoin de dialogue pour éteindre tous les désaccords et donner à la Paix sa chance de prospérer. Le dialogue s'entend ici, une véritable ouverture à l'ensemble des couches sociologiques, politiques et professionnelles de Côte d'Ivoire. Discuter, dialoguer sans tabou pour arrêter des mesures qui rassemblent autour de la notion Nation. Certains me diront que l'on a déjà dialogué. Certes, mais essayons ce type de dialogue sans fin. Celui où seul sortira gagnant, le pays. Notre pays »],

La présence d'armes inquiète

La présence de ces puissantes armes en leur possession se soulève.des questions.

Si ce n’est pas pour faire un coup d’Etat, Que font-ils avec ces armes qui en plus ne sont pas « une acquisition récente» ? Pourquoi sont-elles encore en leur possession, au lieu d’être dans la poudrière de l’armée ivoirienne ? Que fait ou quel projet vise le réconciliateur avec ces armes ? Ces questions méritent d’être éclairées. A moins que ces discours et actions en faveur de la réconciliation et de la paix en Côte d'Ivoire ne soient qu’un simulacre.