
Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, est dans une course contre la montre. Il veut rester à la tête du parti tout en se préparant pour l’élection présidentielle de 2025. Une mission compliquée.
Le lundi 12 mai 2025, dans une vidéo, il a annoncé sa démission de la présidence du PDCI-RDA. En attendant, c’est Ernest N’Koumo Mobio, le doyen du parti, qui assure l’intérim, avec l’appui du Comité des sages.
Vêtu d’un pagne aux couleurs du PDCI, Thiam a dénoncé des attaques politiques selon lui orchestrées à travers la justice. Il se pose en victime, accusant une cabale destinée à freiner son ascension.
Le cœur du problème : la nationalité
Ce qu’on lui reproche ? S’être inscrit sur la liste électorale en 2022 alors qu’il était encore citoyen français.
La loi ivoirienne est claire : un Ivoirien qui accepte une autre nationalité perd automatiquement la sienne, sauf en cas de réintégration officielle. Or, Thiam avait obtenu la nationalité française en 1987 et n’y a renoncé qu’en mars 2025.
Le 22 avril, la justice a donc annulé son inscription électorale, considérant qu’il n’était pas Ivoirien au moment de son enregistrement. Résultat : tous ses actes en Côte d’Ivoire avant mars 2025 sont considérés comme nuls. Y compris son élection à la tête du PDCI en décembre 2023.
Un procès et des soupçons
Une militante du parti, Valérie Yapo, a porté l’affaire devant la justice. Elle estime que Thiam n’avait pas le droit de diriger le PDCI, puisqu’il n’était pas légalement Ivoirien à ce moment-là.
Le procès, plusieurs fois reporté, devait enfin se tenir ce jeudi 15 mai. Beaucoup s’attendent à ce que Thiam soit déchu de la présidence du PDCI.
Sa démission surprise pourrait donc être vue comme une stratégie pour éviter une sanction judiciaire. Mais en démissionnant, il reconnaît aussi implicitement qu’il n’était pas en règle.
Alors pourquoi parle-t-il de "harcèlement judiciaire" ? Peut-on parler de harcèlement quand les faits sont avérés et les lois claires ?
Une manœuvre politique risquée
Tout porte à croire que Thiam prépare déjà son retour, dès le congrès extraordinaire du 14 mai. Il pourrait être réélu, cette fois en tant que citoyen ivoirien.
Son objectif est simple : être candidat en octobre 2025. Mais ce plan dépend d’un élément clé : la Commission électorale indépendante (CEI). C’est elle qui décidera s’il peut ou non être inscrit sur la prochaine liste électorale.
Et là, les choses pourraient bien se compliquer.
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