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Politique

Déçu de son discours/ Un militant du FPI écrit à Simone Gbagbo : «Tu n’as pas besoin de plaire à Sangaré, son radicalisme a conduit ton époux et Blé Goudé à la CPI»

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Se disant déçu du discours tenu par Simone Gbagbo le mercredi 07 Août 2018 à sa sortie de prison, Jean Bonin, cadre du Front populaire ivoirien( FPI) proche de Pascal Affi N'Guessan, a adressé une longue missive à l'ex-Première dame dans laquelle il dénonce certains tares de son discours et l'appelle à la raison le plus tôt possible. Ci-dessous l'intégralité de la lettre de Jean Bonin.

 

Chère sœur,
Chère mère,
Camarade vice-présidente du FPI

Je voudrais rendre gloire à Dieu d’avoir permis que tu sois vivante, après tout ce que tu as subi depuis le 11 avril 2011, et qu’aujourd’hui tu puisses humer l’air frais de la liberté. Ma joie est immense. Elle est réelle.

J’aurais tant aimé te parler de vive voix, être à tes côtés et t’enlacer dans mes bras pour te traduire toute ma reconnaissance, mon affection et mon admiration. Malheureusement, je ne pourrais pas le faire car manifestement tu es prise en otage dans le tourbillon haineux de gens belliqueux et vindicatifs. Kadet Bertin en a fait les frais. Mais déjà, en d’autres lieux et circonstances, avant Kadet, le Président Affi, le vice-président Gossio et bien d’autres, ont subi leur furie à l’occasion des funérailles de la mère de Gbagbo et de Dehé Gnahou. Tu comprendras donc aisément que le cadre et le moment ne s’y prêtent pas, pour le moment. Mais si Dieu le veut, tôt ou tard, les nécessités de la vie ou les contingences de la politique permettrons que nous nous retrouvions pour échanger.

Camarade Simone,

S’il y a une chose que j’ai toujours apprécié chez toi c’est ton franc-parler. Je me souviens encore de la vigueur avec laquelle tu as pris fait et cause pour moi lors d’une vive altercation qui m’a opposée à ton aide de camp, Seka Anselme, à l’occasion de la préparation d’un meeting que tu devais animer à Abigui, un village de la sous préfecture de Dimbokro. Ce jour-là, après la tenue du meeting dont j’étais l’organisateur, dans le grand salon de ma résidence où tu a séjourné durant trois jours et trois nuits, j’ai été marqué par ton sens de l’équité et surtout ton impartialité. En présence de Assoa Adou et Emile Guirieoulou tu n’as pas hésité à « sermonner » ton aide de camp en lui disant exactement ceci « je n’aime pas l’anarchie. Tu n’as pas d’instructions à donner à Bonin. Présente lui tes excuses ». Ce qu’il fit aussitôt.

Rien ne t’obligeait à me défendre mais tu l’as fait, moi qui n’était alors que le Directeur Départemental de campagne de ton époux. Depuis ce jour je me suis pris d’une réelle affection pour toi. À plusieurs reprises tu m’as invité à la table du Président Gbagbo où ensemble aux côtés tantôt de feu Tagro Desiré ou tantôt de Appiah Kabran nous avons pris de copieux repas. Comment oublierais-je ces moments où quand le maître d’hôtel présentait au Président Gbagbo la carte du menu, après l’avoir passé en revue, il disait, je le cite « moi je veux mon saka. Mon saka saka, laisse manger de blanc là».

Pas plus que je n’oublierais que tu as suggéré à Don Mello, alors ministre des Infrastructures économiques, de prendre attache avec le Président Gbagbo afin que je sois nommé, à sa plus proche convenance, à un poste de DG ou de PCA dans l’une des structures sous sa tutelle car tu me trouvais intelligent et compétent. Offre que j’ai toutefois décliner pour les raisons que tu sais et qu’il n’est pas utile de rappeler ici. Par la suite, tu m’as proposé d’intégrer ton cabinet politique. Ce que j’ai aussi refusé car j’avais auparavant déjà accepté d’être dans le cabinet politique du Président Affi. J’ai décliné cette proposition car je n’ignorais rien des tensions qui existaient entre le Président Affi et toi. Je ne pouvais donc pas raisonnablement être dans vos deux cabinets, en même temps. Tu m’as compris et tu n’as pas insisté.

Chère 1ère Dame,

Je rappelle tous ces faits pour bien montrer combien tu t’étais prise d’une bienveillante affection filiale pour moi. « Fiston » c’est ainsi que tu m’appelais à chaque rencontre. À Dimbokro, tu aurais pu loger dans la somptueuse demeure de Nzi Paul David, lui qui était alors le directeur de cabinet de ton cher et tendre époux. Il a d’ailleurs fait un intense lobbying auprès du Président Gbagbo pour que ce soit chez lui que tu loges et non chez moi car il voyait cela comme une sorte de désaveu aux yeux de la population. Mais tu es restée ferme sur ta décision alors que tout ton entourage souhaitait que tu sois chez « le Dircab », leur patron. Tu as donc choisi de dormir dans ma modeste résidence. Cela démontre, contrairement à l’image que de nombreux ivoiriens ont de toi, ô combien humble tu es. La seule chose donc j’ai été peu fier c’est qu’un jour tu m’aies trouvé des ressemblance avec Stéphane Kipré, ton gendre. Mais tu as vite fait de préciser que ce n’était que physique. Ouf ! L’honneur est sauf.

Chère mère,

Tu es une femme de vérité. C’est ce qui explique l’admiration que j’ai pour toi. Moi aussi tu sais que, comme toi, je ne suis pas un partisan de la langue de bois. Cela m’en a coûté. J’ai perdu sous la refondation, en 2014, mon poste de DGA de l’ANARE pour cela. Ce trait de caractère je le tiens de mon père, lui aussi juriste comme moi, Greffier en Chef - Notaire à la retraite. Je n’ai pas changé. Je continue de ne pas transiger avec la vérité. Je me donc le devoir de te tenir un langage de vérité. Ce n’est donc pas LA vérité mais MA vérité. Tu en feras donc ce que bon te semblera.

Chère mère,

L’honnêteté m’oblige à te dire que je suis déçu par tes 1er mots. J’avais juré à qui voulait l’entendre que tu avais changé et qu’à ta libération tu œuvrerais à l’unité du parti car comme je l’ai mentionné ci-avant tu détestes l’anarchie. Or ce qui se passe actuellement au FPI ressemble fort à de l’anarchie et tu risques d’accentuer celle-ci. J’avais juré, la main sur le cœur, que tu ne serais pas la femme d’un clan contre un autre car tu as une réelle crainte du seigneur. Or le seigneur ne divise pas ses enfants, il les rassemble, il les réconcilie.

Chère sœur,

Je n’ai entendu de ta part aucun mot à l’endroit des milliers de morts de la crise postélectorale, de ton époux et de Blé Goudé, des détenus militaires encore enfermés, pas plus que tu n’as parlé de réconciliation nationale et encore moins d’unité du FPI. Pourquoi, pourquoi, pourquoi... Cela aurait pourtant tant accru ton capital sympathie auprès d’une certaine frange de la population à laquelle on t’a dépeint comme étant une xénophobe, une radicale, sans remords, sans cœur, revancharde et une femme avide de pouvoir.

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