ASEC-Africa, l'indémodable affiche

Depuis trente ans, le classique abidjanais demeure l'un des chocs préférés du public ivoirien. Après quelques années sans saveur, il a enfin retrouvé un peu de cachet. Les retrouvailles du week-end promettent !

Samedi après-midi à partir de 17h, Abidjan a rendez-vous avec l'Histoire. Comme de coutume, la saison débute avec la Supercoupe, dotée du trophée Félix Houphouët-Boigny, qui met aux prises le champion 2017 (l'ASEC) et le vainqueur de la Coupe nationale (l'Africa Sport, 3-0 face à l'AS Tanda). Entre ces deux-là, trente ans d'une rivalité acharnée. Celle d'abord entre deux présidents - Maître Roger Ouégnin côté "Mimos" (ASEC) toujours en poste, Simplice Zinsou alias "ZS" chez les Oyé (Africa), auquel a succédé Alexis Vagba - dont les épanchements réguliers dans la presse ivoirienne trouvaient un prolongement spectaculaire sur le terrain.

Ces deux clubs, aux destins continentaux mêlés, demeurent deux entités aimées et suivies à travers toute l'Afrique de l'Ouest. Frères ennemis liés par des histoires de transferts de l'un à l'autre, et par leur vocation à recruter des joueurs et des techniciens étrangers déjà réputés ou bien en pleine maturation. Durant les années de plomb, pendant la crise politique et sociale des années 1999-2011 qui a considérablement affaibli le potentiel économique du pays, ASEC-Africa a perdu notoirement de sa saveur. Les Académiciens formés par Jean-Marc Guillou et destinés à l'ASEC ont pris la direction de l'Europe. Les meilleurs Aiglons de l'Africa aussi, passant aussi par l'Afrique du Nord. Le public a déserté les stades Champroux et Houphouët-Boigny, là où il se pressait dès 10h du matin à l'époque pour ne rien manquer du choc des titans.

La saison passée, l'Africa a retrouvé un peu de sa superbe. L'ASEC, après une longue traversée du désert, a fini par gagner le Championnat.

La saison passée, l'Africa a retrouvé un peu de sa superbe, et révélé un jeune talent offensif, Parfait Guiagon. L'ASEC, après une longue traversée du désert, a fini par gagner le Championnat qui le fuyait grâce notamment à sa brigade burkinabè : ils étaient huit, dont le gardien réserviste du LOSC cette saison Hervé Kouakou et le meilleur buteur du Championnat, Aristide Bancé, parti depuis en Egypte. Samedi, sur le banc, deux amis d'hier et d'aujourd'hui se retrouvent : Basile Aka Kouamé, ancien latéral de l'ASEC devenu coach de l'Africa ; César Amani Yao, ancien cadre de l'Africa qui a succédé à Siaka Traoré "Gigi" sur le banc de l'ASEC il y a quelques semaines. Deux hommes qui se sont aussi côtoyés sous le maillot jaune et noir de l'ASEC au début des années 1990.

ASEC-Africa, indémodable affiche d'un football ivoirien qui redouble d'efforts pour retrouver son lustre passé et surtout son public, qui a abandonné les travées des stades à mesure que le spectacle et les joueurs de qualité se raréfiaient. La saison passée, l'ASEC a remporté les deux chocs (1-0 à Abidjan, 2-1 au retour à Bouaké à l'issue d'une rencontre spectaculaire et indécise). Il faut remonter à juin 2014 pour retrouver trace d'un succès de l'Africa sur l'ASEC (2-0). L'ASEC de "Fonsinho" (Alphonse Yao, le petit frère de Gervinho), avec 15 Supercoupes, devance toujours l'Africa (11) qui espère bien bousculer la hiérarchie, fort de ses six internationaux (dont le gardien Blé Zadi Hortalin) de retour de la récente Coupe de l'UFOA au Ghana. A vos pronostics !

Avec francefootball.f