Paulo Duarte, sélectionneur des Etalons: "L’Egypte est l’équipe la mieux organisée du tournoi"

Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence face à la Tunisie lors des quarts de finale ?

On a gagné dans la qualité du jeu et aussi à désorienter l’adversaire. Je sais que cette équipe de Tunisie joue bien au ballon, elle a des attaques placées, une grande force physique et très dangereuse sur les balles arrêtées, qui est capable de jouer la transition mais pas très solide en défense. Une défense lourde. Donc j’ai opté pour les contre-attaques vu la rapidité de mes joueurs et la lourdeur de leurs défenseurs. J’ai joué avec des attaquants mobiles, on a appliqué la vitesse et j’ai demandé à mes joueurs de tout faire pour que les défenseurs aient des cartons. Ils ont récolté trois cartons jaunes. Dommage qu’il n’y ait pas eu de rouge. Mais on a gagné sur ce plan. Au milieu du terrain, on a changé l’équipe avec deux joueurs qui n’ont jamais joué, Ibrahim Touré et Bayala Cyrille. Et on a mis l’impact physique en gagnant les duels individuels. En deuxième mi-temps, on a eu le travail de Traoré Razack et tout est parti.

48 heures après votre qualification pour les demi-finales, comment vous-vous sentez ?

Bien. On est arrivés dans un groupe difficile, avec un Cameroun et le Gabon pays organisateur. On est sorti du groupes et on a gagné les quarts de finale 2-0 face à la Tunisie. Je pense que l’équipe a donné une belle image et prouvé la qualité de jeu dans cette CAN. Nous avons un groupe fantastique. Dans un match, on ne joue pas au même rythme tout au long de la rencontre; parfois 30 mn ou 45 mn ou 55 mn, souvent l’adversaire nous pose des problèmes, mais le Burkina Faso a un style de jeu qui plaît bien.

Justement vous semblez être taillé pour cette équipe du Burkina Faso.

Non. C’est vrai que le Burkina Faso est rentré dans l’histoire avec moi et moi je rentre dans l’histoire avec le Burkina Faso. Le Burkina Faso m’a ouvert la porte de l’Europe, après je suis retourné au Gabon où je n’ai pas eu de résultats et c’est dommage. Je pense que le Burkina Faso ne va jamais oublier Duarte. Car quand j’arrivais il y a dix ans de cela, l’équipe n’était pas la même, je l’ai façonnée. Aujourd’hui, je mets encore une nouvelle équipe pour les dix prochaines années. Il y a des jeunes joueurs, il y a du talent. C’est bien qu’il y a des joueurs comme Moumouni Dagano et Yssouf Koné qui ont terminé, d’autres vont terminer dans deux ans. Duarte aussi ne va jamais oublier le Burkina Faso, car c’est le Burkina qui m’a donné une chance de montrer ce que je suis capable avec une équipe nationale.

Avec cette qualification pour les demi-finales, pouvons-nous dire que le Burkina Faso a atteint son objectif dans cette CAN ?

En venant ici, j’ai dit aux joueurs de ne pas avoir peur de leurs adversaires. Nous avions eu trois grands adversaires que nous avons respectés. Nous sommes une équipe solide tactiquement avec des joueurs talentueux et des doublures. Car nous avons deux joueurs à chaque poste. Il n’y a pas un deuxième Pitroipa, un deuxième Dagano, mais on a des joueurs de qualité proche de leurs qualités. On a travaillé et pour y arriver, on est restés soudés, restés en famille. On a des qualités pour gagner, pour se battre jusqu’au bout  face aux autres adversaires qui sont le Cameroun, l’Egypte, le Ghana. Il faut être efficace et plus équilibré dans tous les compartiments.

En demi-finales, vous croisez l’Egypte. Quelle stratégie allez-vous adopter ?

Franchement, je n’en sais rien. On va voir, je ne connais pas à 100% cette équipe de l’Egypte mais comme c’est une équipe maghrébine, elle joue dans le même style que la Tunisie. L’Egypte est l’équipe la mieux organisée du tournoi, elle ne prend pas beaucoup de risques, mais nous, nous avons plusieurs façons de jouer. On va s’adapter, on ne va pas changer notre manière de jouer.

Vous avez fait d’Aristide Bancé un remplaçant de luxe. Il rentre face à la Tunisie, il fait la différence .Quel rôle joue-t-il au sein de l’équipe ?

Aristide est un leader du groupe. Aujourd’hui, il a grandi, il a beaucoup mûri dans ces cinq dernières saisons. C’est un joueur expérimenté qui peut nous aider et qui nous aide beaucoup. On a quatre attaquants de grandes qualités qui jouent en mobilité et en surface fixe. On adapte chaque joueur à chaque objectif, et Bancé a joué deux matchs comme titulaire ou remplaçant et il motive le groupe et le public. C’est une référence pour nous.

Rêvez-vous de rentrer au Burkina Faso avec le trophée entre les mains ?

Oui, mais cela ne sera pas facile, les matches passent et la pression monte. La responsabilité des joueurs et de nous-même, c’est de faire plaisir au peuplé burkinabé en rentrant avec le trophée au pays, et rentrer dans l’histoire du Burkina Faso comme premier coach qui gagne la coupe d’Afrique. Ce n’est pas facile, mais on peut le faire. Parce que les joueurs croient toujours qu’ils peuvent gagner cette CAN et cela me donne une confiance énorme. Lorsque l’équipe a un esprit positif, trop engagée en jouant pour ne pas perdre, cela donne confiance.

Réalisée au téléphone