Depuis la CPI: Blé Goudé sort de son silence et adresse un message à Laurent Gbagbo

A l'occasion de l'anniversaire du Président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé a envoyé une lettre à celui qu'il considère comme son père. Dans son message à son voisin de cellule, l'ex-leader de la galaxie patriotique réaffirme son soutien et sa fierté qu'il garde "dans le coffre-fort de ma mémoire".

 
A l’attention de son excellence Laurent Gbagbo, 

Joyeux anniversaire, telle est la formule consacrée pour témoigner à l’être cher, notre joie de le voir célébrer une année de plus dans le temps qu’il lui reste encore à passer sur terre. 

31 Mai 2014, 31 Mai 2015 puis aujourd’hui 31 Mai 2016 ; c’est malheureusement pour moi la troisième fois consécutive de dire, joyeux anniversaire à mon Président, à mon père, dans un univers carcéral, devenu notre univers commun par les circonstances de l’histoire! Et pourtant, ce moment cher à tout être humain, vous méritez de le célébrer en homme libre afin de le partager avec votre famille biologique, avec les personnes qui vous sont chères mais aussi celles aux yeux de qui vous vous êtes cher, c'est-à-dire votre peuple. 

Hélas ! L’homme qui a consacré toute sa jeunesse au combat pour la démocratie, l’homme qui a sacrifié sa vie pour sauver ou améliorer celle de ses concitoyens, l’homme qui s’est battu pour un monde libre se trouve privé de liberté. 

En plein visage, dans un paradoxe que les plus grands chercheurs politiques peinent encore à s’expliquer, vous avez reçu les contre coups de ce monde devenu trop violent ; l’inimaginable s’est abattu sur vous avec une brutalité inouïe ; obligeant ainsi votre peuple pourtant sans parachute, à faire un saut dans l’inconnu. 

Mon cher Président, mon père, blessé vous l’avez certes été, mais débout vous êtes resté ! Les gémissements et les larmes que vos bourreaux espéraient, ils n’y ont pas eu droit, simplement parce qu’ils ne le méritent pas. Je puis ici témoigner que ce sourire auquel vous avez habitué les ivoiriens, vous l’avez gardé ; et moi, j’y ai droit tous les matins. 

Même si votre corps est enchainé, je sais qu’au-dedans de vous, votre âme se sent libre comme un vol d’oiseau ! Fasse Dieu que votre innocence soit reconnue aux yeux du monde et que libre, vous puissiez reprendre votre place au milieu de votre peuple qui vous adule tant et qui supporte avec une douleur qui lui déchire le cœur, votre incarcération. 

De vous je serai toujours fier, une fierté que je garderai avec précaution dans le coffre-fort de ma mémoire. 

JOYEUX ANNIVERSAIRE PRESIDENT !
JOYEUX ANNIVERSAIRE PERE MIEN !
La Haye, le 31 Mai 2016 
Charles Blé Goudé
Ton fils, ton voisin de cellule