C’est assurément une annonce à laquelle on ne s’attendait pas de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Celle de rendre visite à Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale (CPI). Et l’effet de surprise qu’elle fait en est la preuve. Jeudi 20 juillet, à sa descente d’avion, de retour à Abidjan après un long séjour en Europe, Guillaume s’est prononcé sur la situation sociopolitique tendue en Côte d’Ivoire. Tout en appelant au calme, il déclara qu’il ira demander pardon à Laurent Gbagbo.
« Pour ma part, j’ai décidé de demander, une fois de plus, pardon aux Ivoiriens, pour tout ce que, depuis 2002, j’ai pu consciemment ou inconsciemment commettre comme offenses à ce peuple qui a tant souffert. J’adopterai la même approche du Pardon et j'irai demander Pardon à mes aînés les présidents Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et aussi Laurent Gbagbo pour tous les torts, manquements ou offenses que moi-même ou mes proches ont pu causer à chacun d'entre eux spécifiquement », a déclaré Guillaume Soro.
Cette disposition du président de l’Assemblée nationale qui, lors de la rentrée parlementaire de la première législature de la 3e république, s’est affiché en faveur de la réconciliation de tous les Ivoiriens, est salutaire. Mais dire et faire sont deux choses différentes. Soro pourra-t-il réaliser sa promesse en se rendant à la Haye ?
L’initiative de Soro de rendre visite à Laurent Gbagbo à la prison de Scheveningen se présente à risque pour le président de l’Assemblée nationale, qui ferait l’objet d’un mandat de la CPI, en ce moment sous scellé. Sa présence là-bas pourrait provoquer la levée des scellés, si ce mandat existe, et donc son arrestation. Là-dessus, nous voyons mal le pouvoir d’Abidjan refuser de coopérer avec la CPI. Etant entendu que Soro Guillaume est considéré comme un trouble-fête au RDR, le ‘’fils’’ ingrat, déloyal, qui dispute la magistrature suprême avec le ‘’père’’ Alassane Ouattara.
En tout cas, si ce mandat existe, rien ne pourra empêcher la CPI de l’exécuter, ni même l’immunité parlementaire dont jouit Soro Guillaume, une immunité nationale au-dessus de laquelle s’élève le pouvoir de la CPI. La preuve, la Cour avait réclamé à l’Afrique du Sud l’arrestation et le transfèrement d’Omar el Béchir, lors de son déplacement à Johannesburg.
Le président de l’Assemblée nationale le sait très bien. Mais en fin politicien, peut-être a-t-il pris des assurances auprès des décideurs durant son long séjour en occident, avant de faire cette déclaration. Dans tous les cas, cette visite à La Haye se présente dangereuse pour Soro Guillaume. Et qui vivra verra !
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