Cyril Ramaphosa avait fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption. Il se trouve qu'au moment où il accède au pouvoir, les enquêtes sur la corruption au sommet de l'Etat avancent à grands pas.
On apprend ce jeudi 15 février qu'un mandat d'arrêt a été émis contre l'un des frères Gupta, dans le cadre de l'enquête sur un vaste scandale de détournement de fonds et de corruption. Mercredi, la police avait fait une perquisition dans une maison cossue de Johannesburg appartenant à la famille Gupta.
Il n’y a pas que sur le plan politique que les choses s’accélèrent en Afrique du Sud. Sur le plan judiciaire aussi, ces derniers jours ont été marqués par des avancées rapides auxquelles le pays n’était pas vraiment habitué jusque-là.
Mercredi matin, juste avant que Jacob Zuma ne dépose sa démission, on a appris que des perquisitions avaient lieu à Johannesburg mais aussi à Bloemfontein, la capitale de la province du Free State, au centre du pays. A Johannesburg, c’est la résidence de la sulfureuse famille indienne Gupta qui était visée.
L’enquête porte sur une vaste affaire de détournement de fonds et de blanchiment d’argent. Huit personnes ont comparu ce jeudi même devant le tribunal de Bloemfontein. Les accusés sont « de gros poissons » selon la presse sud-africaine : un haut fonctionnaire proche du ministre des Mines était notamment présent à la barre, ainsi qu’un puissant patron de presse locale ou encore une proche collaboratrice de la famille Gupta.
Aucun membre de la fratrie indienne n’était en revanche présent, mais la police a confirmé qu’un mandat d’arrêt a été émis contre un des frères Gupta, considéré comme un fugitif par l'unité d'élite de la police sud-africaine. Alors qu'il avait accepté de venir témoigner au procès qui s'ouvrait contre lui, Ajay Gupta ne s'est pas présenté jeudi 15 février. Il aurait même essayé de fuir l'Afrique du Sud par avion, mais un pilote sud-africain aurait refusé de l'aider à quitter le pays. Toutes les douanes ont été prévenues du risque d'évasion. Il doit être jugé pour une affaire de détournement de fonds publics dans un projet d'exploitation laitière. Cette affaire est pourtant minime comparée à l'influence qu'auraient eu les Gupta sur les décisions prises au sommet de l'Etat, brassant des millions, négociant des contrats et nommant les ministres. Le symbole est pourtant là, le mandat d'arrêt sonne le début de la fin pour le clan Gupta.
Quatre mandats similaires seraient également en circulation.
Il se dit même que Duduzane Zuma, le fils du président, qui collaborait avec la famille indienne, est dans le viseur de la police anticorruption. Il aurait en effet servi de lien entre Jacob Zuma et les hommes d'affaires indiens. Le signal est évidemment très fort, quand on sait à quel point Jacob Zuma a ignoré, voire attaqué la justice ces dernières années.
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