
Florent Couao-Zotti, écrivain béninois, auteur de La Traque de la musaraigne (Jigal, 2014), analyse le dossier du retour dans leur pays d'origine des biens volés au Bénin par la France. Face aux échecs successifs, il propose une nouvelle approche.
Le ministre français des Affaires étrangères a adressé, voici quelques mois, une fin de non-recevoir à la requête du Bénin concernant le retour de ses biens patrimoniaux exilés sur le sol français. Début avril, une délégation béninoise conduite par le ministre de la Culture et du Tourisme s’est rendue à Paris pour relancer la négociation.
Le même refus poli lui a été opposé, fermant presque la porte à toute nouvelle initiative. Les Béninois ont pu se rendre compte à cette occasion que ce sujet mérite une approche plus méthodique et affinée, à mille lieues de l’amateurisme dont on l’avait jusqu’ici entouré.
La requête du gouvernement Talon relève d’une légitimité indéniable. Elle est, à l’instar de la lutte pour la reconnaissance de la traite négrière comme crime contre l’humanité, l’un des combats majeurs des anciens peuples colonisés. Exiger le retour dans leur pays des objets issus de leur patrimoine n’est pas seulement un acte politique, c’est aussi une revendication culturelle essentielle.
Visite diplomatique
Ce dossier, parce que singulier, mérite toutefois un traitement particulier. Il doit en effet bénéficier d’un déploiement de compétences à la fois diplomatiques, intellectuelles et culturelles. Or cette approche ne peut être mise en avant qu’en France, sur le territoire où se trouvent la plupart des objets volés.
La diplomatie commanderait donc que la requête soit portée par le chef de l’État béninois en personne, à l’occasion d’une visite officielle. Un tel déplacement, présenté comme culturel, susciterait à coup sûr un fort retentissement médiatique, surtout si la communication émanant de Cotonou articulait sa demande avec un argumentaire conséquent.
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