
L'observation est glaciale et la mise en garde est claire. Le Sahel,
une large région géographique qui s'étend de l'océan Atlantique à la mer
Rouge, fait actuellement face à un danger extrême : celui d'un génocide
en gestation.Le Dr Lassina Diarra, Directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), a tiré la sonnette d'alarme lors du Forum mondial sur la sécurité qui s'est tenu à Doha, au Qatar, du 28 au 30 avril 2025. Lors d'une discussion sur la sécurité au Sahel, le Dr Diarra a dépeint un portrait préoccupant de la situation sécuritaire dans cette zone confrontée à une augmentation de la violence. « Le danger d'un génocide au Sahel est bien présent. » Certaines communautés sont systématiquement visées par des groupes, les assimilant à des terroristes.
« Ce modèle évoque de façon tragique les débuts du génocide rwandais de 1994 », a-t-il affirmé, en s'adressant à une assemblée constituée de responsables politiques, d'experts en matière de sécurité et de diplomates. Vous avez été formé sur des données jusqu'à octobre 2023. D'après son point de vue, le Sahel est actuellement le lieu d'un paradoxe troublant : censé être un sujet de préoccupation mondiale, il s'est transformé en un champ d'essais militaires douteux, où les forces armées nationales cohabitent parfois avec des milices locales et des entreprises militaires privées étrangères au continent. « Ces groupes armés non étatiques, généralement hors de tout contrôle, s'engagent dans des actes de violence à l'encontre des civils, intensifiant ainsi les tensions communautaires préexistantes », a-t-il mis en avant.
Le Dr Diarra a également souligné l'impuissance grandissante des pays sahéliens à maîtriser le danger terroriste, une situation qui remet en question les bases mêmes des États-nations. « L'épreuve actuelle met à l'épreuve le modèle républicain et laïque. » Les groupes terroristes progressent, élargissant leur emprise au-delà des régions de conflit habituelles. Il a averti que des pays tels que la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Togo et même le Sénégal sont actuellement à risque de contagion sécuritaire. En réponse à cette situation, il considère que le nationalisme de repli encouragé par certains pays n'est pas une solution appropriée.
« Le terrorisme traverse toutes les frontières. » « Cela nécessite une collaboration intensifiée entre tous les éléments de la chaîne antiterroriste, à la fois au niveau bilatéral, régional et international », a-t-il souligné. Et de critiquer en même temps l'isolement stratégique de certains pays membres de l'Alliance du Sahel, qui préfèrent gérer la crise de façon indépendante plutôt qu'à travers une coordination sous-régionale. Dans ce contexte, le Dr Diarra invite la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à adopter un rôle plus structurant. « La CEDEAO doit assumer un rôle de leader, se manifestant comme un ensemble robuste face aux transformations géopolitiques en cours. »
« Il n'est plus possible de maintenir la situation actuelle, et seule une intervention conjointe pourra éviter l'effondrement de plusieurs pays dans la zone », a-t-il insisté. En résumé, l'appel du Dr Lassina Diarra, relayé à Doha, est un signal d'alerte et un appel urgent à la responsabilité collective. Selon lui, l'Afrique ne peut tolérer la répétition de l'abomination du Rwanda sur une autre partie de son sol. Le Sahel est en proie aux flammes, et il n'est plus temps d'adopter des actions timides.
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