Le pasteur Evan Mawarire, l’un des chefs de file de la contestation anti-Mugabe, a été arrêté ce lundi en marge d’une manifestation d’étudiants en médecine. Il a été inculpé pour « incivilité dans l’espace public ».
C’est depuis le poste de police d’Avondale, où il a été conduit hier après son interpellation, qu’Evan Mawarire a annoncé son interpellation, via Facebook. « J’ai été interpellé car je me suis adressé à des étudiants qui protestent contre l’augmentation de leurs frais de scolarité. Je n’ai rien fait de mal », a-t-il plaidé dans une vidéo mise en ligne sur son compte.
La sœur du pasteur contestataire, Teldah Mawarire, et son avocat, Harrison Nkomo, ont tous deux confirmé l’interpellation à l’Agence France-Presse. « Je suis avec lui au commissariat », a indiqué Me Nkomo, précisant qu’Evan Mawarire avait été inculpé pour « incivilité dans l’espace public ».
En février dernier, l’activiste zimbabwéen avait déjà été arrêté à l’aéroport de Harare, alors qu’il revenait de six mois passés en exil en Afrique du Sud. Il avait été libéré contre caution une semaine plus tard et placé sous contrôle judiciaire : il devait se présenter deux fois par semaine à la police.
La campagne « #ThisFlag »
Il a été interpelé lundi alors qu’il participait à une manifestation d’étudiants en médecine sur le campus de l’université de Harare qui s’étaient rassemblés pour protester contre le doublement des frais de scolarité. « C’était une manifestation pacifique contre cette augmentation qui intervient à deux semaines de leurs examens », a précisé Allister Pfunde, président de l’association nationale des étudiants. « La majorité de ces étudiants ne peut se payer de logement décent et de vrais repas, mais les autorités trouvent toujours cela correct d’alourdir leur fardeau. » La direction de l’université, qui a accusé les manifestants d’avoir jeté des pierres sur les bâtiments, a ordonné leur expulsion du campus.
Evan Mawarire – un pasteur se présentant comme apolitique – s’était fait connaître pour avoir lancé en 2016 la campagne « #ThisFlag » – « #CeDrapeau » – sur les réseaux sociaux. Sur les vidéos diffusées en ligne, on le voyait alors apparaître avec le drapeau du Zimbabwe en écharpe ou tenu à bout de bras et lancer de violentes diatribes dénonçant les conditions de vie de la population. Les vidéos avaient alors déclenché un vaste mouvement de grèves et de manifestations dans le pays. Mouvement qui s’était peu à peu éteint face à la violence de la répression qui s’est abattue sur les manifestants.
Avec Jeune Afrique
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