
Le principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, le PDCI, a eu du mal à mobiliser jeudi, après l’exclusion de son candidat, Tidjane Thiam, de la présidentielle prévue en octobre.
À Abidjan, une marche était prévue à 9h depuis le siège du parti jusqu’au tribunal. Mais à peine 200 personnes se sont rassemblées avant de se disperser. Aucune manifestation n’a été signalée ailleurs dans le pays.
Cette journée devait montrer si Thiam, ancien banquier international de 62 ans, pouvait rassembler autour de lui. Il vit actuellement en France.
Les élections restent un moment sensible en Côte d’Ivoire, un pays encore marqué par la crise post-électorale de 2010-2011. Malgré cela, le pays a retrouvé une certaine stabilité ces dix dernières années, contrairement à d’autres pays de la région secoués par des coups d’État et des attaques terroristes.
Mais la faible mobilisation inquiète. Selon Ousmane Zina, politologue à l’université de Bouaké, cela montre le "doute" qui règne au sein du PDCI. Pour lui, Thiam a encore "du chemin à faire" pour s’imposer en politique. "Il doit prouver son leadership, au-delà de son nom et de ses liens avec Houphouët-Boigny", ajoute-t-il.
Au siège du parti, certains militants étaient déçus. Maria Blanc, 39 ans, espérait que la marche ait lieu. "À chaque report, ça retarde la candidature de Thiam", dit-elle. Daniel N’Guessan, 31 ans, reste optimiste : "Ce n’est pas grave. On sera là la prochaine fois."
La police avait bouclé plusieurs rues autour du tribunal. Pourtant, la veille, Simon Doho, chef des députés du PDCI, avait appelé à une mobilisation nationale. Mais les manifestations sont rarement autorisées en Côte d’Ivoire. Le porte-parole du gouvernement avait d’ailleurs prévenu : "Le désordre ne sera pas toléré."
La tension monte dans le pays depuis que plusieurs figures de l’opposition ont été écartées, dont l’ancien président Laurent Gbagbo. Mais tout s’est accéléré mardi, quand la justice a radié Tidjane Thiam de la liste électorale, jugeant qu’il n’était plus ivoirien. Une décision sans appel.
Thiam, né en Côte d’Ivoire, avait obtenu la nationalité française en 1987. Il y a renoncé en mars pour pouvoir se présenter, mais c’était trop tard selon la justice. En Côte d’Ivoire, un candidat ne peut pas avoir deux nationalités.
Malgré cela, Thiam ne baisse pas les bras : "C’est moi ou personne. On ne présentera pas d’autre candidat." Il promet de "continuer à se battre" pour montrer que cette décision est "mauvaise pour la Côte d’Ivoire."
Le camp présidentiel nie toute implication. Mais les ennuis de Thiam ne sont peut-être pas finis. Une audience est prévue le 8 mai. Il risque d’être écarté de la présidence du PDCI à cause, encore une fois, de sa nationalité.
Pendant ce temps, le parti au pouvoir n’a pas encore désigné son candidat. Mais le président Alassane Ouattara, 83 ans, a déjà laissé entendre qu’il pourrait briguer un nouveau mandat.
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