
L’ex-président ivoirien et fondateur du Front Populaire ivoirien (FPI), Laurent Gbagbo, doit en avoir gros sur le coeur contre celui qu’il a désigné à sa succession, Pascal Affi N’guessan. La récente visite que lui rendue Mamadou Koulibaly à la Haye où il est détenu permet de l’affirmer. En effet, le mardi 23 janvier 2018, le bimensuel La lettre du continent a éventé une rencontre entre Laurent Gbagbo et Mamadou Koulibaly à la prison de Scheveningen.
L’ex-président de l’Assemblée nationale s’est déplacé à la rencontre de son mentor. Une visite qui intervient six ans après l’arrestation en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et son transfèrement à la Haye. La raison est qu’au fil des 10 ans de pouvoir du FPI, les relations entre les deux hommes s’étaient quelque peu dégradées avant d’atteindre un niveau de pourrissement à la faveur de la crise post-électorale de 2010-2011.
Mamadou Koulibaly avait été accusé au FPI d’avoir trahi Laurent Gbagbo pour ne l’avoir défendu face à Alassane Ouattara qui se disait vainqueur de l’élection présidentielle. L’ex-président de l’Assemblée nationale n’a pu dire si c’est Gbagbo qui a gagné ou Ouattara, donnant une position ambiguë. Il n’était pas à l’investiture de Laurent Gbagbo Au plus fort de la crise, il a quitté la Côte d’Ivoire et est resté dans un mutisme total, jusqu’au renversement de son mentor, avant de regagner Abidjan pour l’investiture de Ouattara.
Alors qu’il devrait conduire les destinées du FPI, les premiers responsables du parti étant en prison, Mamadou Koulibaly a claqué la porte du parti et est allé créer le sien : Liberté et démocratie pour la république (Lider). Alors que Laurent Gbagbo faisait face à la justice à la CPI, Mamadou Koulibaly a fait des déclarations à l’encontre de l’ex-chef d’Etat qu’il accuse d’être le responsable de sa propre chute parce qu’il ne sait pas écouter. Et qu’il n’a pas gagné les élections de 2010. Contre Mamadou Koulibaly, les pro-Gbagbo ont beaucoup de griefss, tout comme il le leur reproche également. Bref, les raisons pour ne pas s’entendre, il y en assez.
Pourtant Mamadou Koulibaly est reçu par Laurent Gbagbo. En dehors de lui, plusieurs personnalités politiques ivoiriennes, tant de l’opposition que des partis au pouvoir, ainsi que des députés ont été reçus par Laurent Gbagbo. Mais jamais Affi N’guesssan, le président statutaire du FPI, qui se réclame tel devant ses dissidents qui estiment qu’il ne l’est pas. Ils l’accusent d’avoir accepté de trahir la lutte au profit de Ouattara à qui il veut assujettir le FPI de Laurent Gbagbo.
Des caciques du FPI affirment qu’Affi N’guessan est dans un deal avec la France et Ouattara, qui vise à légitimer le pouvoir de ce dernier, affaiblir le FPI et effacer les traces de Laurent Gbagbo. Ils sont confortés dans cette idée par le fait qu’Affi n’a pas songé d’aller à la rencontre de Laurent Gbagbo, après sa sortie de prison à Bouna. Aussi, par le fait qu’il n’a pas accepté de céder la présidence du FPI à Laurent Gbagbo, et a même refusé la ‘’candidature’’ de celui-ci à la présidence du parti lors du dernier congrès du parti. Ce fut la goutte d’eau de plus qui a entraîné la fracture du parti.
Quant il lui a été reproché de n’être pas allé voir Gbagbo, Affi a indiqué que le moment viendra, en présentant plusieurs arguments. Mais il a relevé que sa visite à Gbagbo n’est pas la solution pour la libération de l’ex-président. Par contre, il mène des actions diplomates dans ce sens. Finalement, l’on comprendra qu’Affi est persona non grata chez Gbagbo. Mais jusqu’à ce point ? L’on peut imaginer quel peut être le ressentiment de Laurent Gbagbo vis-à-vis d’Affi N’guessan. Espérons que les deux hommes finiront par se rencontrer et faire la paix des braves.
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