11 avril 2011. Dans le fracas des armes, Laurent Gbagbo était extrait du sous-sol de son palais où il s’était réfugié avec quelques-uns de ses proches, dont son épouse Simone et son fils Michel. Les premières images que j’en vis furent celles de celui qui fut le président de mon pays pendant dix ans, le visage défait, en « marcel », s’essuyant les aisselles avec une serviette avant d’enfiler une chemise verte que lui tendait un de ses geôliers. Il y eut aussi ces images de Simone, son épouse, assise par terre, regard hagard et cheveux arrachés, entre des hommes en uniformes dépenaillés et à têtes de soudards, fiers d’exhiber leur capture. Une page de l’histoire de la Côte d’Ivoire venait de se tourner.
Le lendemain, je participais à une vidéoconférence avec des députés de la République démocratique du Congo (RDC). L’un d’eux dit sa honte d’avoir vu Laurent Gbagbo et sa femme dans cet état, en précisant qu’en Afrique on n’humilie jamais un chef, même lorsqu’il avait perdu le pouvoir. Je lui répondis que je partageais son point de vue, sauf que dans le cas d’espèce, celui qui avait humilié le chef et son épouse, c’était Laurent Gbagbo lui-même.
Tentative de confiscation du pouvoir
Ah, Laurent Gbagbo ! Quelle tragédie ! Après avoir louvoyé, tergiversé et dribblé tout le monde pendant dix ans, Laurent Gbagbo avait fini par accepter d’organiser une élection présidentielle. Sans doute parce que des sondages le donnaient gagnant à tous les coups, face à ses deux principaux adversaires qu’étaient Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.
Jamais une élection en Afrique ne fut autant surveillée et observée que cette présidentielle ivoirienne d’octobre 2010. Devant le monde entier, Laurent Gbagbo perdit. Et devant le monde entier, il refusa de reconnaître sa défaite. Que se passa-t-il donc dans sa tête ?
Certains disent qu’il avait été envoûté par des pasteurs évangéliques qui l’avaient convaincu que seul Dieu pouvait lui enlever son pouvoir, et non le peuple ivoirien ; d’autres assurèrent qu’il était plutôt sous l’influence de son épouse Simone, elle aussi sous la coupe de pasteurs évangéliques. Au fil des jours et des vérifications faites auprès des observateurs et du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies qui était chargé de certifier le résultat de l’élection, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine, la France, les Etats-Unis, l’Union européenne reconnurent la victoire d’Alassane Ouattara.
Rien n’y fit. Laurent Gbagbo ne voulait pas lâcher le pouvoir. Il refusa même de prendre au téléphone le président américain Barack Obama, qui voulait lui proposer une retraite dorée dans son pays. L’Union africaine envoya plusieurs chefs d’Etat en médiation. En pure perte. Pendant ce temps, les milices de Gbagbo baptisées « Jeunes patriotes », appuyées par des mercenaires libériens, massacraient tous ceux qui s’opposaient à sa tentative de confiscation du pouvoir. Sous les regards des journalistes présents en grand nombre dans le pays, des personnes étaient brûlées vives dans les rues en fonction de leur appartenance ethnique ou religieuse, d’autres enlevées dans un grand hôtel et conduites au palais présidentiel où elles disparaîtront, les ressortissants des pays voisins étaient pourchassés, des obus étaient tirés sur un marché, puis, ce qui fit probablement déborder le vase, sur des femmes marchant pacifiquement dans la rue.
La voie qu’avait empruntée la Côte d’Ivoire était dangereuse. Tout le monde voyait au bout un remake du drame rwandais où la communauté internationale avait été accusée de n’avoir rien fait pour empêcher le génocide. En Côte d’Ivoire, il y avait un risque réel de guerre qui aurait pu embraser toute la région. Il y avait, dans le pays, l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et la force française « Licorne », fortes toutes deux de quelques milliers d’hommes bien armés. Qu’auraient dit le monde entier et les intellectuels africains confortablement installés au bord de la Seine, si cette guerre avait eu lieu, ou s’était transformée en génocide, sous le regard impassible des soldats français et onusiens ? Les forces rebelles commandées par Guillaume Soro qui occupaient le nord du pays descendirent sur le sud, sans rencontrer de résistance. Mais, à Abidjan, elles se heurtèrent aux armes lourdes de Laurent Gbagbo et battirent en retraite. La capitale économique était devenue invivable et les morts se comptaient en milliers.
Un coup de baguette magique
Personnellement je ne remercierai jamais assez la France d’avoir décidé, après avoir obtenu un mandat de l’ONU, de détruire les armes lourdes de Laurent Gbagbo, et de contribuer ainsi à son arrestation. La France avait toujours été accusée, pas toujours à tort, d’installer ou de protéger des régimes dictatoriaux en Afrique. Dans le cas de la Libye, elle est carrément accusée d’avoir contribué à sa destruction et à la récupération du formidable arsenal de Kadhafi par les groupes djihadistes.
Mais, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la France avait réellement contribué à sauver une démocratie et un peuple en danger de mort. Le pays a aussitôt retrouvé la paix après l’arrestation de Laurent Gbagbo et, depuis cinq ans, son économie connaît une croissance qui étonne tous les observateurs et lui attire de nombreux investisseurs. Les infrastructures qui avaient été laissées à l’abandon sont réparées, et de nouveaux barrages hydroélectriques, centrales thermiques, écoles, centres de santé, routes et ponts sont construits. Bien sûr, de nombreux problèmes subsistent dans le pays. La croissance ne profite pas encore à la majorité de la population et de grandes poches de pauvreté existent encore. Mais aucun pays n’a jamais réglé ses problèmes d’un coup de baguette magique.
Laurent Gbagbo, qui est en train d’être jugé en ce moment devant la Cour pénale internationale (CPI), a choisi comme stratégie de se présenter en victime de la « Françafrique ». Ses partisans proclament partout que la France l’a chassé du pouvoir parce qu’il se battait pour la souveraineté de son pays. Ne revenons pas sur ce qu’ont été pour les Ivoiriens les dix ans de règne de Laurent Gbagbo. Ce qui est incontestable est qu’à l’issue de l’élection de 2010 il avait été battu dans les urnes, avait refusé de le reconnaître, et avait commencé à massacrer son peuple. Et l’intervention de la France a permis à ce peuple de retrouver la paix pour rebâtir son pays.
10 Commentaires
Yves
En Avril, 2016 (04:15 AM) vous êtes des menteurs vous voulez changer l'histoire de ce pays je ne viendrai plus jamais m'informer ici bande de novice vous avez tronqué l'histoire de la ci pfffff vous mentez sur les camérounaisAnonyme
En Avril, 2016 (08:32 AM)si selon ton jugement tu crois qu'ont doit humilier un président comme sa alors mois je te dis d'aller te faire foutre
Sangarè
En Avril, 2016 (11:15 AM) gbagbo meritai pire que ca car lui il a tue le president r.geui :Yvan
En Avril, 2016 (10:48 AM) monsieur, moi j`etai a bouake o momen des elections, jai des amis residan a bouake ki etaient des representants de lmp, pas parce k`ils sont partisan mai tous cherchaient a se fair 1peu d'argent. au soir des elections, ils ne pouvai pas rentrer chez eux car ils etaient tous recherchés.. l'election a bouake a ete bel et bien truqué.. ne venez pas nous raconter des choz ke vou n'avez pa vecu sur le terrain......Anonyme
En Avril, 2016 (19:56 PM) Voici encore un autre soi-disant spécialiste qui s'assoit derrière son clavier et parle de ce qu'il ne maîtrise absolument pas.Anonyme
En Avril, 2016 (04:51 AM) Vraiment j'ai le tourni quand jte li. J'ai le coeur qi saigne. Mais pourquoi depuis 5 ans la cpi tergiverse sur sa coupabilite ? Les témoins s'ils ne fuient pa eux aussi tergiverse. La vérité creve les yeux. Mais on di il n'y pa plus aveugle que celui qui refuse de voir.Anonyme
En Avril, 2016 (09:35 AM)Miniyamba
En Avril, 2016 (05:43 AM) La CPI ne"tergiverse " pas sur sa culpabilite. Les proces a la cpi durent en moyenne sept ans.sa culpabilite sera prouvee et il ne prendra pas moins de vingt ans ce qui equivaut a sa age la perp.vaut mieux commencer a faire son devil, votre vieux maudit assassin dictateur Boudreaux de son peuple.Anonyme
En Juin, 2016 (23:16 PM) Cet to Allahane dramane bouche panche maudit criminel assassinParticiper à la Discussion
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