Port-Bouët : À Adjouffou, des Habitants Luttent Contre les Eaux de Pluie

Après les pluies intenses des 13, 14 et 15 juin 2025, plusieurs sous-quartiers de Port-Bouët sont toujours sous les eaux. À Adjouffou extension, un quartier précaire situé près du lycée social Simone Gbagbo, la situation est désolante. Ce dimanche 15 juin au matin, de nombreuses habitations étaient totalement ou partiellement inondées, laissant les habitants désemparés et les pieds dans l'eau.

Vivre dans l'Inondation : Des Témoignages Poignants

Kodjo Anicet raconte que sa maison de trois pièces est submergée. Ses quatre enfants ont trouvé refuge chez son grand frère à Yopougon-Toit Rouge, où ils sont en sécurité. Lui et son épouse sont restés pour surveiller leur domicile, craignant les vols dans les maisons abandonnées. Ils ont même transformé leur grande table à manger en lit conjugal, en attendant que l'eau se retire.

Son voisin, Niamkey Elvis, confirme que cette situation se répète chaque année. "Tous les habitants du quartier ont des bottes. Avant de rentrer chez soi, chacun enfile ses chaussures", confie-t-il.

Dame Toinon Henriette, sans emploi, partage également ce quotidien difficile. Elle vit dans une maison de deux pièces complètement encerclée par l'eau, avec ses enfants, dont un bébé de quelques mois. "Nous n'avons pas les moyens et nous ne savons pas où aller. Regardez mon corps. Les moustiques nous piquent de jour comme de nuit. Nous cohabitons avec des serpents, des crabes et bien d'autres reptiles", déplore-t-elle.

Heureusement, aucune maison ne s'est effondrée dans ce quartier malgré l'ampleur des pluies. Cependant, une vaste étendue d'eau s'étend à perte de vue entre les maisons construites et celles en chantier.

La famille de Mme Amon Simone a eu la chance d'être hébergée par un voisin. "Nous avons emménagé ici il y a à peine un mois. L'eau a envahi toute notre maison. Nous sommes 15 personnes chez notre voisin. C'est difficile", témoigne-t-elle.

La Navette Quotidienne et l'Inquiétude

Dans certaines cours communes, des enfants s'amusent même à nager dans cette eau noirâtre. Le dimanche 15 juin, des jeunes ont été vus traversant l'étendue d'eau avec des nattes et des draps. "Nous avons passé la nuit chez notre grand-mère de l'autre côté. Nous y retournerons ce soir pour dormir. Chez nos parents, les matelas sont mouillés", explique Beugré Rudy, une élève en classe de 6e.

Beaucoup d'habitants font la navette entre leur domicile inondé et un point d'accueil provisoire. "Nous ne pouvons pas totalement abandonner nos biens aux mains des voleurs", justifie Mme Toinon Henriette. Le calvaire des habitants de ce quartier est loin de se terminer, d'autant plus que la saison des pluies vient tout juste de commencer.