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Afrique

Liberia / Relations avec la France, Prince Johnson, Corruption : George Weah parle sans faux-fuyant

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Liberia / Relations avec la France, Prince Johnson, Corruption : George Weah parle sans faux-fuyant

Dans une interview exclusive sur RFI, le nouveau président du Liberia parle de sa volonté de développer le Liberia autant que des sujets qui fâchent comme Prince Johnson. Au terme de sa visite officielle à Paris, « Mister George » est l'invité de RFI.

Rfi : Monsieur le président, pourquoi la France est-elle le premier pays que vous visitez en dehors de l’Afrique ?

George Weah : C’est très simple. J’ai grandi en France, j’ai beaucoup d’amis en France et je sais ce que la société française peut faire pour nous... je crois que la France a fait beaucoup de choses dans d’autres pays voisins. Pourquoi pas nous ? C’est pour cela qu’on est venus pour dire à la France que nous sommes ouverts pour les affaires. Toutes les sociétés qui sont à côté, dans les pays voisins, il faut qu’elles viennent chez nous, aussi, parce qu’on est un pays très important. C’est pourquoi on est venus pour renforcer les relations qui sont déjà là.

Comment cela s’est passé au niveau personnel entre Emmanuel Macron et vous ? Certains disent que vous êtes le Macron de l’Afrique.

(Rires). Je suis très content. Je crois que c’est quelqu’un de très sympa. Il a fait son travail, ces derniers jours. Je n’ai pas manqué [l’an dernier] de demander à tous les Africains ici, sur Facebook, de voter Macron. Je crois que c’est quelqu’un de très bien. En plus, c’est notre génération. Il pense que tout le monde doit faire la solidarité et le partnership. J’ai beaucoup écouté son discours au Burkina Faso [le 28 novembre dernier], aussi quand il est parti aux Etats-Unis. C’est quelqu’un de très fort. Il faut l’écouter. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’idées et les idées, ça peut aider notre pays.

Dans le dernier classement de Transparency International, qui a été publié cette semaine, le Liberia a encore perdu dix places. Qu’est-ce que vous pouvez faire qu’Ellen Johnson-Sirleaf n’a pas réussi contre la corruption ?

Je crois que chacun a son travail, sa manière de faire les choses. Quand je suis arrivé ici [lors d’une précédente interview pour Rfi, le 17 mai 2017] tu m’as posé la question : « Sur 10, combien tu donnes à Ellen Johnson ? » Et j’ai dit : « Je donne 8 », si tu te souviens. Pourquoi ? Parce qu’elle est arrivée à obtenir la paix. Même moi, elle m’a nommé ambassadeur pour la paix pour le pays. Je crois que c’était un bon choix. Parce que, dès que j’ai été ambassadeur de la paix, la paix dans le pays a été très facile pour le gouvernement. Il a fait son travail, c’est une bonne chose, parce que c’est la solidarité. Et aujourd’hui, Ellen, elle a sa manière de faire les choses, et Ellen, bon, elle n’a rien fait contre la corruption, et moi, j’ai mes idées sur ce que je peux faire contre la corruption. Parce que, dans mon gouvernement, je ne vois pas qui va faire de la corruption, et moi, je vais rester là pour regarder ! Jamais. Parce que, je ne suis pas venu pour demander quelque chose pour moi-même. Je suis venu pour aider le pays. [Au Liberia], c’est difficile d’aller à l’hôpital, mais on ne peut pas laisser les gens mourir. Pour moi c’est important. Je vais être très strict sur la corruption. C’est très important pour moi.

Et, du coup, la commission anticorruption, qui a été créée il y a déjà dix ans, va enfin avoir des pouvoirs judiciaires ?

Nous, on a la Constitution à côté du gouvernement. Il y a des règles, je crois qu’il faut que tout le monde suive des règles. Si la commission anticorruption est en route pour délivrer des mandats judiciaires, c’est bon, c’est la loi… Il faut continuer, il faut respecter la loi.

(Traduction) :

Nous exigeons la justice et nous suivons son processus jusqu’à ce que la culpabilité soit prouvée. Personne n’est là pour piéger personne. On est plutôt là pour dépassionner les débats et pour vérifier les accusations. Et à partir de là, il faut donner à cette commission anticorruption la possibilité de faire son travail.

Vous avez dit que vous êtes un homme de paix. C’était votre principal argument de campagne, et vous avez gagné. Mais en même temps, beaucoup ont été étonnés de vous voir signer un accord de deuxième tour avec le criminel de guerre Prince Johnson. Qu’est-ce que vous répondez à tous ceux qui vous disent qu’il faudra un jour qu’il soit jugé et que beaucoup d’autres soient jugés ?

Mais là tu dis : « le criminel Prince Johnson ». Bon, c’est ton opinion. Mais au Liberia, il y a beaucoup de monde qui a fait la guerre. J’étais là et tu m’as interrogé aussi sur ma vice-présidente, parce que son mari, aussi, il a fait la guerre.

Charles Taylor…

Charles Taylor. Aujourd’hui, la plupart des Libériens, ils ont été dans la guerre. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On va mettre tous les Libériens en prison parce qu’ils ont été dans la guerre ? Non, ils ont leur droit pour exister. Aussi, celui qui pense qu’il y a quelque chose, il faut aller au procès et la loi va décider qui était un guerrier et qui ne l’était pas. Moi, je n’étais pas dans la guerre, parce que j’étais en dehors du pays. Je suis parti et retourné à chaque fois pour faire la paix. Et je crois que, pour faire la paix, il faut déjà juger. Et chacun doit respecter la loi. Ce n’est pas moi le juge. Mais tout le monde était derrière Prince Johnson, même le vice-président [Joseph Boakai]. Il était derrière Prince Johnson pour gagner chez lui [dans le fief de Prince Johnson]. Mais lui, il savait que Prince Johnson avait fait la guerre. Pourquoi il voulait que Prince Johnson vienne l’aider ? Parce qu’il pensait que Prince Johnson avait beaucoup d’amis dans son comté [de Nimba] et il voulait gagner. Et moi, j’ai pris Prince Johnson comme un Libérien. J’ai pensé qu’il pouvait engager une bonne collaboration avec notre parti. Et nous, on cherchait des collaborations. On les cherchait avec des Libériens. On n’est pas parti chercher des guerriers.

Vous aimez la France, vous parlez bien français. Est-ce que vous pensez qu’un jour le Liberia pourrait entrer dans la Francophonie ?

Il y a la loi. Là, on est dans la Cédéao. Il  y a beaucoup de pays qui veulent même faire la même monnaie. Tout ça, c’est en discussion. Je suis très content des choses que la France a faites en faveur de tous les pays francophones, et aujourd’hui en faveur du Liberia, qui n’est pas francophone. Le Liberia est dans la liste des pays que la France aide et c’est une très bonne chose. Maintenant, c’est à nous de voir ce que l’on peut faire pour chercher des amis. Si la loi nous permet d’entrer dans la Francophonie ou chez les anglophones… Nous, on veut aider le peuple. Nous, on est ouverts.

 
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