
Les difficultés d’approvisionnement des populations en eau
potable ont amené le gouvernement à rechercher des solutions durables. Dans
cette interview, le ministre de l’Hydraulique, Laurent Tchagba, fait état des
progrès réalisés dans le secteur.
Monsieur le ministre,
quel bilan faites-vous des efforts du gouvernement pour approvisionner les
populations en eau potable ?
Beaucoup d’efforts ont
été faits par le gouvernement pour résorber le déficit en eau potable, tant à
Abidjan qu’à l’intérieur du pays, et surtout dans les zones rurales. La demande
en eau potable du District d’Abidjan était estimée à 500?000 m3/jour en juin
2011, pour une production de 350?000?m3/?jour, soit un déficit de 30?%. Des
investissements importants ont permis de porter aujourd’hui l’offre à 640?000
m3/jour. Au niveau de la ville d’Abidjan, des projets majeurs, d’un coût global
de 215 milliards de FCFA, ont été réalisés. A l’intérieur du pays, 225
localités ont été connectées au réseau de la Société de Distribution d’Eau de Côte
d’Ivoire (SODECI), pour un coût de 47 milliards de FCFA. Nous avons procédé à
la mise à disposition de 80 mini-adductions d’eau -appelées hydraulique
villageoise améliorée (HVA) - à Dompleu (Man) et au lancement de travaux des
500 forages dans le District des Montagnes, pour des points d’eau à motricité
humaine. Aujourd’hui, nous sommes à un taux d’accès à l’eau potable de plus de
80?% au plan national. De 2011 à 2018, ce sont plus de 500 milliards de FCFA
qui ont été injectés dans le secteur.
Le Programme Social
du Gouvernement vient certainement renforcer tous ces acquis…
En effet, avec la
réhabilitation de 21 000 pompes à motricité humaine, les acquis vont être
renforcés. L’opération va s’étendre sur trois années, pour un coût global de 15
milliards de FCFA. Elle permettra l’alimentation en eau potable de près de 11
millions de personnes et contribuera également à la création d’environ 500
emplois permanents et occasionnels. Le gouvernement compte investir 1?320
milliards de FCFA dans le secteur de l’eau d’ici à 2020, en vue de relever les
différents défis, avec le programme “Eau Pour Tous”. Pour aider les populations
rurales dans l’entretien des pompes mises à leur disposition, l’Etat a confié
la maintenance à la SODECI.
Avez-vous d’autres actions
considérées comme prioritaires en matière d’accès à l’eau potable ?
L’une de nos actions
prioritaires est destinée aux sous-préfectures. En effet, un diagnostic fait
par le gouvernement indique que sur les 500 sous-préfectures, 200 ne sont pas
équipées de systèmes d’adduction d’eau potable. D’où la mise en place d’un vaste
programme dénommé “Eau Pour Tous”. Ce programme prévoit la réalisation de 200
châteaux d’eau dans les chefs-lieux de sous-préfecture qui n’en n’ont pas. Eu
égard à l’accroissement des populations, nous allons renforcer les capacités de
production des localités déficitaires en eau potable. Dans le cadre des
branchements sociaux en faveur des familles démunies, 450?000 familles auront
accès à l’eau potable.
A Abidjan, vous avez
opté pour une station de traitement d’eau de surface. Quelles en sont les raisons
?
La réalisation d’une
station de traitement d’eau de surface, avec la “technologie membranaire”, est
une première à Abidjan. Cette technologie de traitement des eaux consiste en
l’utilisation de membranes qui agissent comme des filtres laissant passer l’eau
et retenant les solides en suspension et d’autres substances. C’est le fruit
d’une convention de partenariat de plus de 108 milliards de FCFA, signée entre
la Côte d’Ivoire et l’entreprise israélienne Fluence. Cette technologie nous
permettra d’atteindre une capacité de production de 150?000?m3/jour. Ce choix
s’explique par le fait qu’à Abidjan, l’eau brute est accessible et de bonne
qualité. Etant donné que la population y augmente et que la ville s’étend, nous
avons décidé de recourir à l’eau de surface pour compléter celle de la nappe
souterraine. Le traitement se fera à partir de la lagune Aghien (District
d’Abidjan) afin de sécuriser la production jusqu’en 2035.
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