Procès Gbagbo / Yaké Evariste : « Le 22 avril, j’ai été sorti d’Abidjan par un boko haram du RDR »

Au procès de Gbagbo, mercredi 6 avril 2017, Yaké Evariste a raconté devant la Cour comment il a quitté la Côte d’Ivoire, quelques jours après la chute du régime Gbagbo, le 11 avril 2011, pour se retrouver en exil au Ghana. Amené par les questions de Me Altit, avocat principal de Laurent Gbagbo, Yaké Evariste a expliqué qu’il a quitté la Côte d’Ivoire le 22 avril de la même date grâce à l’aide un ami de longue date, un homme qui ne s’intéresse guère à la politique qu’à ses affaires uniquement.

Cette réponse du témoin ne convainc pas l’avocat vu que ce dernier a déjà pris connaissance de la déposition de Yaké lors des enquêtes du Bureau du procureur de la CPI. Pour confronter le témoin, il va lire sa déposition. En effet Evariste Yaké a expliqué aux collaborateurs de Bensouda qu’il avait été exfiltré par un « un combattant ». « Je vous ai dit dans mon propos que c’était un boko haram du RDR ».

Après la lecture de cette déposition, l’avocat demande ce qu’est ‘’un boko haram du RDR’’. Alors Yaké Evariste va apporter une correction. Il fera savoir à la Cour que depuis Abidjan, quand on lui a lu sa déposition, il a fait remarquer aux enquêteurs qu’il y a une erreur au sujet de cette phrase. Il rejette avoir tenu ce propos, mais plutôt que cet ami ressemblait à un des membres de boko haram tels qu’on les voit dans les médias.

« Il avait une barbe (fournie : ndlr), il était transformé. Ce n’était pas cet ami que je connaissais. C’est moi qui l’ai qualifié. J’ai dit qu’il ressemblait à un boko haram du RDR », a rectifié Yaké, insistant sur le fait qu’avec cet ami, ils n’ont jamais parler politique et qu’il n’avait aucune implication dans la politique.

Mais la suite de la déposition va confondre Yaké. En effet, on apprend de ce document que cet ami appartenait « au groupe de Soro, au groupe de ceux qui sont venus le chercher. » « Il est de ceux qui sont arrivés dans la ville, il était à Abengourou mais il est tout le temps à Abidjan. Il m’a expliqué beaucoup de choses. Il y a longtemps que les forces étaient infiltrées (à Abidjan) jusqu’au cou », avait-il confié aux enquêteurs.

Invité à répondre sur ces affirmations, Yaké a expliqué cet ami qui était venu le chercher exprimait une certaine assurance et sérénité qui l’ont étonné, surtout son look. Cet ami était avec des personnes et en ce moment qu’il lui a confié que ces éléments étaient infiltrés depuis longtemps. Le témoin a juré qu’avant ce jour, cet ami n’a jamais de politique.