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Afrique

Présidentielle au Rwanda : face à Paul Kagame, l’opposition sort de l’ombre

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Longtemps confinée à l’exil ou réduite au silence, la contradiction semble avoir enfin le droit d’exister au grand jour au Rwanda. Pour la première fois, un parti contestataire a été autorisé à participer à la présidentielle.

C’est un bureau de quatre pièces presque vides, avec vue sur un quartier populaire de Kigali. Sur fond de carrelage blanc, quelques étagères, de rares dossiers et deux personnes au travail. En cette fin de matinée, le Parti démocratique vert du Rwanda (DGPR) écrit une nouvelle page de l’histoire du pays des Mille Collines dans un calme monacal. Il s’agit de la première formation d’opposition autorisée à battre campagne lors d’une présidentielle depuis l’indépendance. Le 4 août, son président, Frank Habineza, 40 ans, défiera Paul Kagame, le tout-puissant président rwandais, dans les urnes.

Ses chances sont, bien sûr, infimes. Lors du référendum de décembre 2015, lorsque les Rwandais étaient invités à changer la Constitution pour permettre à Kagame de se présenter une troisième fois, le oui l’a emporté avec 98,3 % des voix et autant de participation, selon les chiffres officiels.

Il n’empêche, pour les militants du DGPR, être autorisé à concourir représente un succès obtenu de haute lutte. « Nous sommes le premier parti à pouvoir s’exprimer librement », s’enthousiasme son secrétaire général, Jean-Claude Ntezimana.

Génocide : Kigali traque les dérapages

Après le génocide des Tutsis en 1994, s’opposer au Front patriotique rwandais (FPR), la rébellion de Paul Kagame qui a mis fin aux massacres, a longtemps été inconcevable. Au prix d’incommensurables sacrifices, ces soldats tutsis avaient chassé les génocidaires hutus par la force. Ces derniers, en grande partie regroupés et toujours armés au Zaïre voisin, n’avaient alors qu’un projet en tête : reconquérir le pouvoir en finissant le « travail ».

Le gouvernement avait donc tout fait pour les en empêcher, en traquant tous leurs complices, plus ou moins avoués. Il disposait pour cela d’une arme redoutable : la loi réprimant « l’idéologie du génocide », aux contours assez flous pour dissuader toute contestation.

De fait, la réinterprétation de l’histoire du génocide est longtemps restée le principal cheval de bataille de l’opposition. À son retour d’exil, pour tenter de se présenter à l’élection présidentielle de 2010, Victoire Ingabire a ainsi commencé par réclamer la reconnaissance des crimes commis contre les Hutus. Une demande légitime pour les organisations de défense des droits de l’homme. Un dérapage intolérable pour le pouvoir de Kigali – l’opposante est arrêtée et condamnée à quinze années de prison.

Épreuves

À la même époque, le DGPR, fondé en 2009, en est à ses balbutiements. Mais ce mouvement fondé par d’anciens membres du FPR choisit une autre voie, plus prudente. « Nous avions constaté qu’avant nous plusieurs partis d’opposition avaient tenté de se faire enregistrer en vain, se souvient Jean-Claude Ntezimana. Nous avons alors changé de stratégie : nous n’allions pas nous attaquer à la personne des dirigeants, mais à leur politique. »

Cela ne lui épargne pas toutes les épreuves. En juillet 2010, son vice-président, André Kagwa Rwisereka est retrouvé décapité. En juin 2014, c’est son secrétaire chargé de l’organisation, Jean-Damascène Munyeshyaka, qui disparaît. Deux affaires non résolues à ce jour. « Les enquêtes sont toujours en cours, assure le ministre de la Justice, Johnston Busingye, à Jeune Afrique. Elles sont très complexes. Mais la piste politique n’est pas la plus crédible : presque personne ne connaissait ce parti à l’époque. Il ne constituait pas une menace. »

Malgré la peur, le DGPR persiste et devient entre-temps, en 2013, le tout premier parti d’opposition légalement reconnu depuis le génocide. Aujourd’hui, il revendique « au moins » 300 000 membres – un chiffre surprenant au vu de sa campagne, sans commune mesure avec les immenses foules rassemblées par le FPR. Toujours est-il que ce statut lui permet de se faire entendre : lors du référendum de 2015, il porte l’une des rares voix ouvertement critiques. La formation a même déposé une plainte, finalement rejetée.

Bien que relative, cette tolérance du pouvoir semble avoir donné des idées à d’autres contestataires ces derniers mois. C’est notamment le cas de Diane Rwigara, fille d’Assinapol Rwigara, un homme d’affaires autrefois très proche du FPR, mort dans un accident de voiture en février 2015. Comme le reste de sa famille, elle clame qu’il s’agit d’un assassinat maquillé. Et, depuis février 2017, elle lance en public des critiques contre le gouvernement, très inhabituelles au Rwanda, dénonçant « la peur » dans laquelle vivent ses compatriotes. Elle a même tenté de se porter candidate à la présidentielle en tant qu’indépendante – en vain.

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