Quatre ans après la France, l’Allemagne a adopté, vendredi 30 juin, une loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels. Mais contrairement à ce qui s’était passé en France, en Allemagne, les contempteurs du texte ne sont pas descendus dans la rue pour exprimer leur opposition, et le débat parlementaire s’y est distingué par sa sérénité et sa brièveté (quarante minutes contre cent trente-six heures). Comment expliquer un tel contraste ?
Sans doute faut-il d’abord rappeler l’état différencié des opinions publiques avant le vote. En France, un sondage de l’IFOP, début janvier 2013, un mois avant l’adoption du projet de loi en première lecture par l’Assemblée nationale, montrait que 60 % des personnes interrogées étaient favorables au mariage pour tous, mais que seulement 46 % souhaitaient que les couples homosexuels aient le droit d’adopter des enfants. En Allemagne, une étude réalisée fin 2016 pour le Bureau fédéral de lutte contre la discrimination indiquait que 83 % des personnes interrogées étaient pour le mariage des couples homosexuels et que 75 % étaient d’accord pour qu’ils puissent adopter des enfants.
Dans le cas français, le débat parlementaire a été d’autant plus vif qu’il s’est doublé d’une bataille d’opinion. Dans le cas allemand, il a été d’autant plus expéditif que cette bataille avait déjà été gagnée.
Droite plus progressiste et société bien moins crispée
Ce décalage explique sans doute pourquoi le regard porté sur la façon dont l’Allemagne vient d’ouvrir le mariage aux couples homosexuels n’est pas le même des deux côtés du Rhin. Vu de France, le cas allemand semble caricaturalement exemplaire : quatre jours seulement après qu’Angela Merkel a expliqué, lors d’un débat organisé par le magazine féminin Brigitte dans un théâtre de Berlin, qu’elle était « ouverte à une discussion qui aille dans le sens d’une prise de décision en conscience », le Bundestag a adopté la loi sans psychodrame.
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