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Politique

première partie du témoignage de Joel N'Guessan

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Joël N'Guessan

Le juge président : Je vais commencer par vos coordonnées personnelles. Vous vous appelez Joël Kouadio N’Guessan, Vous êtes né le 17 juillet 1956 à Toumodi en Côte d’Ivoire ?

Joël N’Guessan : oui

Le juge président : vous êtes ressortissant ivoirien d’ethnicité baoulé et de confession protestante. Est-ce exact ?

Joël N’Guessan : oui

Le juge-président : Quel est votre emploi actuel ?

Joël N’Guessan : j’exerce dans ….. et parallèlement à cela, je suis le secrétaire général adjoint du parti politique qu’on appelle le rassemblement des républicains, chargé de la communication et porte-parole.

 Le juge président : Merci, vous savez que cette chambre a été constituée pour juger l’affaire le procureur contre monsieur Laurent Gbagbo et  monsieur Blé Goudé. Vous avez été convoqué en tant que témoin et vous êtes ici pour aider la chambre dans sa quête de la vérité. En tant que témoin, les parties vont vous poser des questions. Cela commencera par le bureau du procureur et ensuite les deux équipes de la défense pour monsieur Gbagbo et pour monsieur Blé Goudé vous poseront des questions. Et au cas où cela est jugé nécessaire, les juges peuvent également vous poser des questions. En tant que témoin, vous savez que vous devez dire la vérité. Votre devoir consiste à dire la vérité. En conséquence avant de commencer à vous poser des questions, il faut que vous prononciez une déclaration solennelle à cette fin. Je vais vous demander de répéter les mots suivants après moi. Je déclare solennellement que je dirai la vérité. Toute la vérité et rien que la vérité   

Joël N’Guessan : Je déclare solennellement que je dirai la vérité. Toute la vérité et rien que la vérité  

Le juge-président : Ne pas dire la vérité devant cette cour et donner un faux témoignage est un délit. Et en tant que délit, tout délit est punissable. Vous le savez ? N’est-ce pas ?

Joël N’Guessan : Oui monsieur

Le juge-président : En dernier lieu, je dois vous dire que vous allez vous exprimer en français. Cette cour est une cour bilingue. Les langues de travail sont l’anglais et le français et par conséquent je voudrais vous dire de parler lentement. Avant de répondre à une question, marquez un temps d’arrêt de sorte que la question puisse être traduite. Vous n’avez pas demandé de mesures de protections. Vous savez que tout ce qui se dit ici est public. C’est tout ce que je voulais vous dire avant de donner la parole au bureau du procureur. Il a été indiqué que les questions du bureau du procureur vont être posées pendant sept heures. C'est-à-dire aujourd’hui et demain. Vous avez la parole.

Bureau du procureur : Merci monsieur le président Bonjour monsieur Joël N’Guessan

Joël N’Guessan : bonjour

Bureau du procureur : Nous nous sommes rencontrés très brièvement. Je vous poserez les question ce matin et demain pour le compte du bureau du procureur. J’aurai deux ou trois consignes à moi pour vous préparer pour ces questions. Premièrement, je voulais vous dire que comme vous êtes témoin des faits et que comme vous avez grandi en Côte d’Ivoire, certaines de mes questions vont vous paraître très évidentes. Je vais vous demander d’être patient avec nous parce que nous n’étions pas à Abidjan lors des évènements, n'hésitez pas à donner des réponses précises. 

Joël N’Guessan : J’ai compris

Bureau du procureur : deuxièmement les questions seront ouvertes et les réponses viendront de vous. Dernière chose, nous vous montrerons des documents. Ce sont des documents dont vous n’êtes pas l’auteur mais que vous avez certainement connaissance. Ce sont des documents qui ne sont pas attribués à vous. J’aimerais commencer avec votre parcours académique et professionnel. Pouvez-vous nous donner votre niveau d’études ?

Joël N’Guessan : Je suis diplômé de l’école supérieur de commerce d’Abidjan après un baccalauréat série C.

Bureau du procureur : Est-ce que vous êtes spécialisé dans un domaine spécifique ?

Joël N’Guessan : Je suis spécialisé dans la finance et dans la gestion.

Bureau du procureur : Est-ce que vous vous rappelez en quelle année vous avez obtenu votre diplôme ?

Joël N’Guessan : C’était en 82-83.

Bureau du procureur : Vous avez obtenu votre diplôme en 82-83. est-ce que vous avez commencé en même temps à travailler ?

Joël N’Guessan : Oui j’ai commencé à travaillé comme directeur administratif et financier … par la suite j’ai intégré l’énergie électrique de Côte d’Ivoire et après je me suis installé à mon propre compte en créant un cabinet privé de gestion et de conseil.

Bureau du procureur : Vous avez toujours un cabinet personnel ?

Joël N’Guessan : Oui

Bureau du procureur : Mis à part votre activité professionnelle, il est exact que vous êtes aussi actif dans le domaine politique ? 

Joël N’Guessan : Oui je l’ai été à plusieurs niveaux. D’abord au niveau du Mouvement des forces d’avenir créé par mon ami Anaky Kobena et à la suite, j’ai intégré le Rassemblement des républicains du Dr Alassane Ouattara om j’ai été le porte-parole pendant la campagne. Après son élection, je me suis retrouvé comme secrétaire-général adjoint chargé de la communication et en même temps porte-parole.

 Bureau du procureur : il est exact aussi que dans les années 70, vous aviez créé une association pour les personnes handicapées.

Joël N’Guessan : Oui

 Bureau du procureur : Pouvez-vous en parler brièvement ?

Joël N’Guessan : Oui, de par mon statut d’homme handicapé, en 1974, j’ai créé l’association des personnes handicapées physiques de Côte d’Ivoire avec des amis. J’étais à Bouaké en ce moment. Par la suite quand je suis arrivé à l’université, j’ai créé le groupement pour l’insertion des étudiants handicapés physique. Cela m’a permis d’assister à une conférence internationale en 1980 de la ligue des personnes handicapées. Cela s’est passé à Paris au Cnam.

Bureau du procureur : Merci. Vous nous avez parlé du Mouvement des forces d’avenir. Pouvez-vous nous dire comment vous avez fait votre entré dans ce parti politique ?

Joël N’Guessan : Je suis entré en politique après avoir constaté qu’il y avait de grandes injustices. J’ai aidé en 1992 mon ami Anaky à créer le MFA mais je n’étais pas membre. C’est à la suite de la grave crise que nous avons connu en 2002 que mon ami m’a demandé de l’accompagner à la conférence de Linas-Marcoussis. Jai pris une part active à cette conférence et cela m’a amené à assister non seulement à participer à la conférence de Linas-Marcoussis et à la rencontre d’Accra III qui ont servi à créer les conditions de la résolution de la crise née des évènements de 2002.

Bureau du procureur : Nous reviendrons sur ces accords très bientôt. en 1992, lorsque le MFA est créé, quels sont les autres partis politiques en présence ?

Joël N’Guessan : Il y avait le Front populaire ivoirien, l’Union des socio-démocrates, Il y avait le PIT. Je dois vous dire qu’à partir de 90, il y a eu une floraison de parties politiques en Côte d’Ivoire à la suite du multipartisme. Mais ceux que j’ai connu et j’ai remarqué, c’est le Front populaire ivoirien, le PIT, l’USD et le Pdci. je fais remarquer que le RDR dont je suis le porte-parole n’existait pas encore.

Bureau du procureur : si je comprends bien le Pdci était au pouvoir en 1992 ?

Joël N’Guessan : Oui, c’était le Pdci qui était au pouvoir avec à sa tête le premier  président de la République de Côte d’Ivoire Félix Houphouet-Boigny.

Bureau du procureur : Nous allons faire un survol rapide des partis politiques avec lesquels vous avez travaillé. Vous avez mentionné le MFA et le RDR. En quelle année avez-vous rejoins le RDR ?

Joël N’Guessan : C’était en 2008.

Bureau du procureur : Est-ce que vous avez été membre du Pdci ?

Joël N’Guessan : Oui à la suite du coup d’Etat de 1999. Ayant constaté que le coup d’Etat a nui à l’ensemble des activités surtout en tant qu »opérateur privé en conseil et gestion, j’ai intégré un mouvement qu’on appelait en son temps la rénovation  pour le Pdci RDA.

Bureau du procureur : y avait-il une différence avec le Pdci ?

Joël N’Guessan : C’est un mouvement interne. Mais ce n’était pas le Pdci. C’étaient des cadres du Pdci qui avaient décidé d’apporter un renouveau à la machine du Pdci. J’ai fait cette option parce que j’ai été écœuré de constater que notre pays venait de vivre pour la première fois  un coup d’Etat

Bureau du procureur : Et vous êtes resté au sein de ce mouvement jusqu’à quelle année ?

Joël N’Guessan : Jusqu’à la conférence de Linas-Marcoussis

Bureau du procureur : Est-ce que vous avez occupé des fonctions dans le gouvernement ivoirien à n’importe quelle période ?

Joël N’Guessan : Oui à la suite du scandale des déchets toxiques en Côte d’Ivoire, le premier ministre d’alors Charles Konan Banny a rendu sa démission. Et il a plu au président Laurent Gbagbo de me nommer ministre des droits de l’homme sur proposition du premier ministre Charles Konan Banny qui avait été reconduit par lui.

Bureau du procureur : Pour combien de temps vous étiez à ce poste ?

Joël N’Guessan : Je suis resté à ce poste à peu près pendant 7 mois

Bureau du procureur : C’était en quelle année ?

Joël N’Guessan : 2006-2007. Je suis parti du gouvernement quand le premier ministre Soro Guillaume est arrivé suite à l’accord politique de Ouagadougou.

Bureau du procureur : Est-ce exact que vous avez écrit un livre en  4 tomes appelé devoir de mémoire ?

Joël N’Guessan : je me suis employé à la fin de mes activités ministérielles à collectionner l’ensemble des écrits, des dires, des images et des vidéos qui étaient disponibles en Côte d’Ivoire et en France à l’INA cela m’a inspiré pour donner la possibilité aux générations futures de comprendre ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire depuis la mort du premier président. J’ai écrit ces ouvrages après avoir compilé les informations. Le premier est intitulé succession, le deuxième coup d’Etat, le troisième rébellion et le quatrième ouvrage est intitulé illusion.

Bureau du procureur : Et c’est en quelle année ?

Joël N’Guessan : A la fin de l’année 2007, j’avais fini les 4 tomes.  J’ai aussi rédigé un ouvrage que j’ai appelé Côte d’Ivoire, les années de déchéance. Et j’ai complété cette panoplie d’ouvrages par Côte d’Ivoire comment bâtir un Etat de droit. Je voudrais ajouter que j’ai rédigé ces ouvrages, je les ai édités mais je ne les ai pas publiés parce que tout ce qui concerne l’histoire n’a de valeur que plus tard. C’est ma contribution à la connaissance de ce que nous avons connu. Actuellement je continue de collecter les o=informations de telle sorte que le prochain qui sera édité sera appelé Côte d’Ivoire, la guerre et le prochain sera Côte d’Ivoire, de la refondation à la construction.

Bureau du procureur : Vous avez indiqué au juge président que vous êtes de l’ethnie baoulé ?

Oui

Bureau du procureur : Pouvez-vous nous décrire l’ethnie baoulé en termes de son importance au sein de la société ivoirienne ?

Joël N’Guessan : L’ethnie baoulé fait partie du grand groupe akan. Selon les informations et les statistiques, les baoulé représente à peu près 37% de la population ivoirienne. Je dois vous dire qu’il y a peu près 4 à 5 grands groupes ethniques. Le groupe akan qui part du centre de la Côte d’Ivoire jusqu’au sud et qui se prolonge jusqu’à l’est. le groupe krou qui concerne les populations de l’ouest et du sud ouest, le groupe les mandé du nord qui concerne essentiellement les peuples du nord. Je suis d’ethnie baoulé, né en territoire baoulé principalement à Toumodi.

Bureau du procureur : Pouvez-nous dire de façon générale durant la période 2000-2010, quelles étaient les relations entre les groupes ?

Joël N’Guessan : Votre question m’embarrasse parce que la Côte d’Ivoire est un pays où les cultures se sont entremêlées. Moi qui vous parle, je suis un baoulé du centre, j’ai épousé une Ebrié du sud, ma sœur a eu un enfant avec un monsieur du groupe krou, précisément un bété, j’ai un de mes frères qui a épousé une fille du nord. Nous ne pouvons pas dire que pendant la période de 2000 à 2010, c »était des antagonistes ethniques.   Certains hommes politiques ont voulu surfer sur les appartenances ethniques mais dans la réalité, les mutations socioculturelles n’ont pas émergé un système de lutte ethnique. Cependant, je dois dire qu’à un moment donné, certaines ethnies étaient mises à l’indexe par les différents pouvoirs successifs. En effet, au lendemain du coup d’Etat, il n’était pas aisé d’avoir un nom à consonance du nord. C’est ainsi qu’est né le concept de l’ivoirité. Pendant la crise que nous avons connu, certaines ethnies étaient systématiquement misent à l’indexe, les akans et kes gens du nord. Au plan de la cohabitation, vous pouvez constater que dans la même cour, pouvait habiter une personne du nord, une personne du sud, une personne de l’ouest et une personne de l’est, une personne du centre. cela n’a pas affecté la cohabitation.

Bureau du procureur : Vous venez de dire que certains hommes politiques ont voulu surfer sur les appartenances ethniques. Est-ce qu’il y avait une relation entre appartenance politique et appartenance ethnique ?

Défense : Bonjour monsieur le président, je voudrais faire une objection. L’accusation nous a fourni une déclaration du témoin présent. ce qui a informé la défense de ce dont le témoin allait parler. or cette question déborde du cadre de sa déclaration. Par conséquent, nous n’avons pas dument été informés de ce thème que l’accusation souhaite aborder. Il va de l’équité de la procédure.

Bureau du procureur : Le juge président : Sachez que le témoin est ici pour répondre à des questions. Il n’est pas préparé. il répond à des questions que lui pose le procureur. Nous ne sommes pas ici pour l’orienter dans un sens ou dans un autre.

Défense : avec tout le respect que je vous dois c’est un point fondamental. C’est quelque chose qui ressort dans la jurisprudence que la défense doit disposer du temps et des installations nécessaires pour préparer sa défense. C’est un principe fondamental  au droit international pénal. Ce n’est pas à l’accusation de poser des questions sur le sujet qu’elle souhaite aborder. L’accusation doit se limiter aux thèmes qui ont été notifiés à la défense. C’est le but de la déclaration du témoin. On ne peut pas orienter les réponses du témoin. Je n’essaie pas d’influencer le témoin, je suis dans une objection à la question qui a été posée. Le procureur vient de poser une question

Le juge-président : le procureur a posé une question afin d’obtenir un éclaircissement par rapport à une réponse qu’il a donné. Il a le droit de le faire.

Défense : non ce n’est pas ce qu’il a fait. la question qu’a posé le procureur était de savoir quelle était la relation entre l’appartenance politique et le parti politique. il essaie d’aborder un thème bien précis potentiellement incriminant et la défense n’a pas été notifiée de cela. cela est tout à fait injuste.

le juge-président : Monsieur le procureur

Le bureau du procureur : au paragraphe 34 de la deuxième déclaration, vous trouverez ce thème. ma question, y a-t-il une filiation entre appartenance ethnique et parti politique.

Joël N’Guessan : je peux vous dire que sous nos cieux, il est rare    

 

 

 

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