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Santé

La coopération militaire, rouage clé de la Françafrique

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N’Djamena (Tchad), juillet 2014. Le président français et son ministre de la défense accueillis par Idriss Deby Itno. Photo : AFP

L’association Survie publie un rapport qui jette une lumière crue sur l’appui de Paris à des régimes dictatoriaux. Au Tchad, au Congo, au Gabon ou à Djibouti, soutien à des autocrates, présence militaire et prédation économique vont de pair.

«Le temps de la Françafrique est révolu ! », proclamait François Hollande lors de l’étape dakaroise de sa première visite africaine comme président, en 2012. L’hôte de l’Élysée promettait alors une « nouvelle relation » avec le continent, loin de la complaisance avec les dictateurs, loin des « émissaires, intermédiaires » et autres « officines ». Qu’en est-il aujourd’hui ? L’association Survie dresse un sévère bilan de la politique africaine de François Hollande. Dans un rapport publié le 4 avril, l’ONG dédiée à la lutte contre la Françafrique se penche sur la coopération militaire française au service de dictatures comme celles qui font peser leur chape de plomb sur le Congo-Brazzaville, le Tchad, le Gabon ou encore Djibouti. L’année électorale 2016, dans ces quatre pays, jette une lumière crue sur la violence déployée par des autocrates en mal de légitimité pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir, avec la complicité de Paris. Le document analyse les rouages d’une « coopération militaire et sécuritaire » indispensable à la longévité de ces systèmes dictatoriaux et à la préservation des intérêts de quelques capitalistes français. Au mépris des principes de démocratie et de respect des droits humains.

L’armée française a plusieurs fois sauvé la mise au dictateur tchadien

Le rapport revient d’abord sur la mascarade électorale dont le Congo de Denis Sassou-Nguesso (au pouvoir depuis 1979, avec une interruption entre 1991 et 1997) a été le théâtre, le 20 mars dernier. Paris a d’abord donné sa bénédiction au référendum frauduleux du 6 novembre 2015 par lequel le président congolais a trafiqué la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat. La répression qui a suivi n’a pas ému les autorités françaises, qui ont « pris note » des résultats de ce coup d’État constitutionnel. Survie revient sur la guerre civile sponsorisée par Elf et sur l’accord de coopération militaire en vigueur depuis 1974. « Si la France continue de soutenir Sassou dans cette période de contestation populaire, c’est avant tout pour défendre ses intérêts économiques de premier partenaire commercial du Congo, pays dont l’entreprise Total extrait 60 % du pétrole et qui a octroyé en 2009 à Bolloré la concession du port de Pointe-Noire sur vingt-sept ans. Ces intérêts économiques et diplomatiques s’articulent avec des enjeux militaires au cœur de la relation historique entre la France et le régime dictatorial de Sassou, dont elle met en avant le rôle clé en matière de sécurité dans la région (en Centrafrique notamment) », insiste Survie. Même scénario au Tchad, où doit se tenir une élection présidentielle ce 10 avril. Idriss Déby Itno, candidat à un cinquième mandat, peut compter sur l’appui sans faille de Paris, qui en a fait un pilier de son dispositif militaire au Sahel. C’est d’ailleurs à Ndjamena qu’est installé le commandement de l’opération française Barkhane, qui a pris le relais de l’opération Serval au Mali. L’armée française a plusieurs fois sauvé la mise au dictateur tchadien, aujourd’hui présenté comme un facteur indispensable de « stabilité » dans la région.

Silence, aussi, sur les violations des droits humains au Gabon, où le changement de Constitution en 2011 a permis à l’héritier Bongo, candidat à sa propre succession au mois d’août prochain, d’instaurer une véritable « dictature légale ». Cette complaisance et le « maintien d’une coopération militaire d’ampleur s’expliquent à la fois par des intérêts économiques très importants pour de nombreux grands groupes français (Total, Perenco, Bolloré, Bouygues, Castel, etc.), bien qu’en perte de vitesse, mais aussi par l’implantation au Gabon de la plus importante base militaire française sur la côte occidentale africaine », rappelle Survie.

Ce rapport revient, enfin, sur le soutien français à l’affairiste Ismaïl Omar Guelleh (IOG), qui règne sur Djibouti depuis 1999 au prix d’une sanglante répression. Paris dispose, sur ce confetti d’empire, à l’entrée du golfe d’Aden, de sa plus grande base militaire extérieure. « L’élection présidentielle du 8 avril 2016 s’annonce sans surprise, prédit Survie. IOG a verrouillé le pouvoir, réprimé toute contestation et fragilisé l’opposition, tout en s’assurant la mansuétude de diverses puissances internationales, en faisant jouer la concurrence », en particulier chinoise. Parfaite illustration de l’enchevêtrement d’intérêts politiques, économiques et militaires qui font la Françafrique, toujours bien vivante.

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