Taux de chômage en Côte d’Ivoire : Touré Mamadou règle ses comptes aux journalistes

« Vous contribuez à brouiller la perception de l’opinion », a déclaré Touré Mamadou, le ministre de la Promotion de la Jeunesse et de l’emploi jeune, à l’endroit de la presse. Il accuse des journalistes d’avoir détourné ses propos par rapport au taux de chômage en Côte d’Ivoire.

La question du taux de chômage en Côte d’Ivoire a été remise sur le tapis à la tribune « Les Rendez-vous du gouvernement » du CICG, jeudi 27 juin 2019, à l’auditorium de la Primature, qui recevait le ministre Touré Mamadou.

La tribune a été une occasion pour le ministre de la Promotion de la Jeunesse et de l’emploi des jeunes de recadrer des journalistes qui auraient déformé ses propos sur le taux de chômage.  

 « Je suis arrivé à la conclusion, et j’en ai parlé à mes collaborateurs, que peut-être qu’il nous faut organiser un séminaire de renforcement des capacités de nos journalistes parce que vous contribuez à brouiller la perception de l’opinion», a répondu à une question sur le taux de chômage.

Sur la polémique du taux de chômage de 2,6%, Mamadou Touré a déploré que la presse ait détourné ses dires. « Lorsque dans une approche pédagogique, on essaie d’expliquer et que malgré les explications… les propos sont détournés, on ne peut pas s’en sortir ».

Il a expliqué que, selon la définition que donne l’organisation internationale du travail à l’emploi, est considérée comme chômeur « une personne qui est en quête de travail, une personne qui apte à travailler mais qui recherche un emploi ». Cette définition du travail a été prise en compte en 2013 par la Côte d’Ivoire.

« Ce n’est pas une définition du ministre Mamadou Touré, ce n’est pas moi qui donne le taux de chômage, c’est l’OIT (Organisation internationale du travail). L’OIT dit de part sa définition qu’il y a 2,6% de chômeurs en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas le ministre que lit. Quand on prend cette définition, il y a 8% de chômeurs en France ; 3% en Suisse ; 1,7% au Bénin ; 0,4% au Niger, 5% au Mali, …. », a laissé entendre le ministre, en invitant les journalistes à vérifier ces données sur le site de l’OIT.

Cependant, dit-il, selon l’OIT, « quand on prend le taux combiné d’emploi, le taux au chômage strict, plus les emplois irréguliers, dans la plupart des pays africains, on se retrouve entre 70 et 90% de chômeurs. La Bad dit dans son rapport que le taux de chômage du Bénin qui est de 1,7% passe à 90% quand on ajoute les emplois irréguliers. Et en Côte d’Ivoire, on se retrouve en 70% et 90%. Mais vous les journalistes, vous avez dit que la Bad dit qu’il y a 70% de chômeurs en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas vrai. »

Mais, à l’en croire, le gouvernement ivoirien n’a pas tenu compte de le taux de 2,6%, ce qui explique la mise en place d’un programme pour l’emploi des jeunes. « Nous estimons que le taux de chômage OIT, qui est un taux de chômage avec un mécanisme de calcul standard pour tous les pays au monde, ne prend pas suffisamment en compte les réalités des jeunes africains », a expliqué Touré Mamadou.

Se voulant définitivement clair, il a expliqué que la Bad considère comme travailleurs, les jeunes en situation d’emploi irrégulière et qui disent qu’ils se débrouillent, tels que « les gérants de cabine qui ont un revenu régulier ». Ce sont donc la considération de ces emplois qui font dire aux organisations internationales que le taux de chômage est soit de 2,6% ou entre 70% et 90%, a relevé le ministre de l’emploi des jeunes.