Neymar, le poids de l'absence

Aujourd’hui, le doute n’est plus permis. La star brésilienne du PSG doit subir une opération et sera absente entre deux mois et demi et trois mois. Un vrai coup dur pour le club de la capitale, à quelques jours d’une rencontre cruciale face au Real. Radiographie d’une perte.

Cette fois ça y est, c’est officiel. Après 48 heures d’atermoiements, de déclarations et de diagnostics contradictoires, le couperet est tombé hier soir, à quelques minutes du deuxième round opposant le PSG et l’OM au Parc des Princes. Neymar, son ligament externe de la cheville et son cinquième métatarsien sont bons pour une opération, et dix à douze semaines d’indisponibilité. Un éclair dans le ciel parisien, déjà obscurci par la défaite subie par les hommes d’Unaï Emery face au Real le 14 février dernier.

Défaits 3 à 1 à Santiago Bernabeu, c’est peu dire que les Parisiens comptaient sur le talent de leur star brésilienne pour inverser la vapeur à domicile mardi prochain. Las, c’est sans doute depuis son lit d’hôpital brésilien que le Ney assistera, ce soir-là, au choc qui opposera les siens à la bande à CR7. Au grand dam de Nasser Al-Khelaïfi, qui avait certainement d’autres plans en tête au moment de parapher le chèque de 222M€ nécessaire à la venue du joyau auriverde. Au grand dam, surtout, d’une équipe parisienne désormais habituée à s’appuyer sur son génie funambule pour marcher sur ses adversaires.

“S’appuyer”. Le mot est faible au regard de l’influence du Brésilien sur le collectif du PSG. Un constat qu’accrédite d’ailleurs un rapide passage au rayon des statistiques. Auteur de 19 buts et 13 passes décisives cette saison en Ligue 1, Neymar est impliqué sur 38% des buts parisiens en championnat (84 au total). Sur la scène européenne, même combat : avec six buts et 3 passes décisives en sept confrontations, l’attaquant s’est montré décisif toutes les 70 minutes. Quant aux chiffres mettant en lumière sa capacité d’élimination, ils sont à l’avenant : 7,2 dribbles réussis par match et un taux de succès dans cet exercice de 62%. De quoi faire du n°10 parisien le deuxième dribbleur le plus efficace d’Europe – derrière Éden Hazard mais devant Messi -, selon le classement établi lundi par l’Observatoire du football (CIES). Ajoutez à cela l’expérience acquise par le garçon en Champions League – 47 matchs disputés (pour 27 buts et 18 passes décisives), une victoire en 2015, une remontada (tristement) mémorable -, et vous comprendrez aisément pourquoi le staff parisien pleure des larmes de sang.

Un seul être vous manque…

Des larmes d’autant plus justifiées qu’en faisant une croix sur Neymar, Unaï Emery et les siens ne perdent pas uniquement un surdoué de la feuille de stats. Ils doivent (ré)apprendre à composer sans un joueur au profil unique, dont le pouvoir de déstabilisation du bloc adverse dans les 30 derniers mètres est sans équivalent ou presque. Un joueur habitué à récupérer le ballon au niveau du rond central, dos au but, et capable de le remonter en quelques secondes en éliminant tout qui se présente dans son couloir gauche. Pas vraiment le genre d’exercice dans lequel excelle Angel Di Maria…

Les plus optimistes ne manqueront pas de souligner, à raison, que l’Argentin est plus qu’un remplaçant de luxe. Fort de son expérience (65 matchs en C1, victorieux en 2014), et de sa forme du moment (12 buts et ses 6 passes décisives en deux mois), Di Maria semble effectivement en mesure de suppléer la star brésilienne. Habitué à jouer à gauche à Monaco, Kylian M’Bappé peut en outre changer de côté et lui laisser un couloir droit dans lequel il s’épanouit (comme l’a d’ailleurs révélé hier soir sa permutation contre l’OM à la demi-heure de jeu).

Suffisant pour faire oublier l’absence de Neymar ? Le terrain le dira… Aujourd’hui en tout cas, les mines doivent être sombres et les visages fermés au Camp des Loges. Connu pour son goût des lettres, Unaï Emery a d’ailleurs peut-être à l’esprit le vers tragique de Lamartine, extrait du poème Isolement : “Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.” Vérification de la sentence, mardi.