
Le Premier ministre indien Narendra Modi consolide son pouvoir en faisant élire à la présidence du pays un homme issu de la mouvance hindouiste comme lui. Originaire de la caste des intouchables, le président-élu Ram Nath Kovind aura à cœur de rapprocher sa communauté forte de 200 millions d’âmes de la coalition au pouvoir à New Delhi dont l’assise électorale est traditionnellement formée de communautés appartenant aux hautes castes.
Les résultats sont tombés ce jeudi matin. Comme les spécialistes l’avaient prédit, c’est le septuagénaire Ram Nath Kovind soutenu par la coalition dirigée par les nationalistes hindous du Bharatiya Janata Party (BJP, parti du peuple indien) au pouvoir à New Delhi, qui a remporté haut les mains l’élection présidentielle en Inde. En réalité, compte tenu du poids des hindouistes dans le collège électoral composé des parlementaires fédéraux et régionaux qui élit le président, il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir la victoire du candidat du pouvoir.
Le président-élu est peu connu du grand public indien, même s’il a été deux fois membre de la Chambre haute du Parlement fédéral. Elu avec une majorité écrassante des voix des grands électeurs, ce fils de paysan, appartenant à la caste des « intouchables », deviendra le quatorzième locataire du palais de la Raisina Hill, lorsqu’il prendra ses fonctions le 24 juillet prochain, au terme du mandat de son prédécesseur Pranab Mukherjee. Ce dernier est issu du parti du Congrès, formation pluraliste et laïque, qui a gouverné l’Inde pendant près de cinquante ans sur les soixante-dix années de son existence en tant que pays indépendant. Ce treizième président n’a pas vraiment marqué les esprits, mais il a su préserver la tradition d’indépendance du chef de l’Etat appelé à se placer au-dessus des politiques partisanes. Il n’est pas sûr que le nouveau président, perçu comme l’homme lige du Premier ministre hindouiste Narendra Modi, puisse faire autant, s’inquiète la presse indienne.
Rôle honorifique
La Constitution accorde peu de pouvoirs au président indien qui a un rôle plutôt honorifique. Celui-ci doit se contenter de signer documents et décrets qui lui sont présentés par l’exécutif. Equivalent de la reine d’Angleterre en statut, le président de l'Inde est quand-même le chef des armées. Par ailleurs, en période postélectorale, en l'absence de majorité nette, il exerce pleinement son rôle d’arbitre en choisissant de convoquer selon sa discrétion tel ou tel chef de parti pour former le gouvernement.
Enfin, en tant que garant de la Constitution, il peut prendre la parole pour réaffirmer les valeurs de la laïcité et de l’Etat de droit consacrées dans la loi fondamentale s’il estime qu’elles sont en danger. Chose que le président sortant n’a pas manqué de faire au cours des dernières années qui ont vu le nationalisme hindouiste menacer l’équilibre sociétale fragile entre la majorité hindoue et les minorités religieuses (musulmanes et chrétiennes) qui composent la population de l’Inde.
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