Laurent Gbagbo, ancien président de la République de Côte d'Ivoire, a de nouveau levé le voile sur les coulisses de son procès devant la Cour pénale internationale (CPI).
C’était à l’occasion de la 2e édition de la fête de la renaissance, célébrée par le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire, son appareil politique, le samedi 6 avril 2024.
"Elle (Fatou Bensouda) raconte des histoires"
Dans ses propos, l’ancien chef d’État, acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), a choisi de partager des détails troublants concernant son procès et le dossier à charge de l’accusation, présenté par Fatou Bensouda, procureure de la CPI.
« J'arrive à la CPI, on dit j'ai tué des gens. Avant donc que le procès ne commence, je me disais que peut-être mes gendarmes, mes policiers ont tué des gens en mon nom et je n'étais pas au courant. Mais quand Fatou Bensouda est venue, et qu'elle a exposé les meurtres entre guillemets, j'ai appelé mes avocats, et je leur dis : "Ya rien". Ne vous en faites pas, on va gagner le procès parce qu'elle racontre des histoires sans parler des faits », a relaté Laurent Gbagbo. Selon lui, la seule motivation derrière la longueur de son procès à la CPI était de le maintenir loin des frontières ivoiriennes afin de permettre au président Alassane Ouattara qu’il cite pas nommément de finir deux mandats.
« Alors la seule chose, c'était de me garder longtemps pour qu'ici en Côte d'Ivoire on puisse finir deux mandats. La justice même ne se réunissait pas toujours. J'ai été arrêté en 2011, on a commencé le procès en 2016, j'étais là-bas comme ça. Il fallait perdre le temps. Mais j'ai dit c'est pas grave, on va faire le procès, on ira jusqu'au bout », a-t-il expliqué. Et il a révélé un pan important du déroulement de son procès à la Cour pénale internationale.
« Le déroulement du procès a également été évoqué par Gbagbo. "Avant même de terminer le procès, Sam l'Africain même était un témoin, les juges m'ont dit que ça ne valait pas la peine de présenter mes témoins, car les témoins présentés par le procureur n'ont pas réussi à me culpabiliser. Je n'ai donc pas présenté de témoins et les juges m'ont acquitté", a-t-il révélé, illustrant ainsi les lacunes dans l'accusation portée contre lui.
Un procès à nombreux rebondissements
Il faut rappeler que Laurent Gbagbo a été arrêté en avril 2011 par les forces pro-Ouattara soutenues par l’armée française à l’issue d’une sanglante crise post-électorale qui a fait au moins 3000 morts selon un rapport des Nations-Unies.
Accusé de crimes contre l’humanité, l’ancien chef d’État a été jugé et acquitté le 31 mars 2021, en même temps que Charles Blé Goudé, son filleul et coaccusé, au terme d’un procès à nombreux rebondissements qui a duré 5 ans. Trois ans après leur acquittement, l'ancien président ivoirien maintient la pression pour que les véritables coupables des atrocités commises soient retrouvés et jugés.
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