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Politique

Elections locales 2018, situation au Pdci-Rda, Rhdp, 2020,… : Yasmina Ouégnin sans détours, ce qu’elle pense d’une alliance entre le Pdci et le Fpi

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Elle fait partie de la délégation de leaders ouest-africains invités de la Fondation Konrad Adenauer en Allemagne du 14 octobre au 20 octobre dernier dans le cadre du programme d'étude et de dialogue intitulé ''Le développement et la démocratie, un regard actuel sur les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest''. La députée de la commune Cocody, Yasmina Ouégnin, au terme de ce voyage, s’est confiée à linfodrome.ci. Sans détours, l’élue de la nation répond à toutes les questions se rapportant à la mission mais également à l’actualité socio-politique en Côte d’Ivoire.

Honorable, vous venez de participer à une mission en Allemagne, qui vous a permis de découvrir plus ou moins les priorités des Allemands, de la reconstruction à la renaissance. Que retenez-vous de cette mission à laquelle vous avez été associée par la Fondation Konrad Adenauer ?

J’ai eu la chance de venir en Allemagne à deux reprises, à l’invitation de la Fondation Konrad Adenauer. La première fois, en 2016, j’ai pu me rendre à Saarbruck, dans l’Etat de Saarland, un Etat fédéral proche de la frontière française, et cette fois nous avons été plutôt du côté Est de l’Allemagne, à Erfurt dans l’état de Thuringe. Je remercie donc la Fondation KONRAD ADENAUER qui a bien voulu m’associer à ces différents voyages au cours desquels les nombreuses rencontres et séances de travail m’ont permis d’échanger sur la coopération germano-africaine et surtout sur la consolidation de nos démocraties. Pour moi, ce sont à chaque fois des expériences très enrichissantes. Et j’en retiens que l’Allemagne appréhende favorablement une intensification de sa coopération tant politique qu’économique avec l’Afrique.

L’Allemagne est justement un pays qui est sorti d’une situation difficile. Que vous a inspiré son modèle de la réunification, de la renaissance et de la reconstruction par rapport à la situation en Côte d’Ivoire ?

L’Allemagne, dans les frontières que nous lui connaissons actuellement, a été construite il y a, approximativement, deux siècles. Devant ce nombre d’années, traverser une période difficile de 20, 30 ou même 50 ans reste relativement un court moment dans la vie d’une nation. Cela nous situe sur le relativisme que l’on doit avoir quant à l’évolution que peut connaître un pays. L’exemple allemand nous prouve qu’on peut encore espérer pour la Côte d’Ivoire. Et pour la plupart des pays africains qui ne sont qu’à 50 ans voire 60 ans d’existence. Il peut y avoir des écueils dans nos progressions, mais quand un peuple sait ce qu’il veut, il avance. Comme vous l’avez constaté, il est mentionné sur de nombreux panneaux et dans de nombreux bâtiments publics ‘’Wir sind ein volk’’ c’est-à-dire ‘’Nous sommes un peuple’’. Comme nous aimons dire, chez nous, ‘’Une Côte d’Ivoire, une et indivisible’’, il faut que nous intégrions définitivement cette notion, afin qu’elle s’enracine profondément dans notre subconscient.

Pendant ce voyage, il a été question de coopération, et des conditions pour que l’Allemagne puisse coopérer avec l’Afrique. Pensez-vous que les idées que se font les Allemands de l’Afrique sur le cadre juridique ou la corruption et autres sont fondées ?

La plupart de nos interlocuteurs dans le domaine politico-économique nous ont quasiment exhortés à consolider les cadres légaux et juridiques de nos différents pays à travers des institutions stables, permettant ainsi aux investisseurs étrangers d’avoir confiance. Je peux bien comprendre ces préoccupations. Néanmoins, je les ai invités à ne pas en faire un facteur bloquant, à chaque fois que j’en ai eu l’occasion. Je n’ai pas manqué de leur rappeler qu’ils investissent dans certains pays en Europe de l’Est, en Asie ou en Amérique latine où les cadres légaux sont également discutables, car les opportunités de ces marchés et les bénéfices envisagés rapportés au risque, le minimise. Cela témoigne qu’à un moment donné, ils ont cru en ces pays, sont allés les explorer pour jauger de leur rentabilité, et c’est ce que je leur demande de faire au niveau de l’Afrique et tout particulièrement en Côte d’Ivoire dont les potentialités économiques offrent de réelles opportunités d’investissements étrangers que l’économie et l’industrie allemandes pourraient capitaliser.

Les Allemands parlent également de textes existants qui ne seraient pas mis en œuvre, notamment celui de la libre circulation des biens dans l’espace CEDEAO, où la création même de la CEDEAO, est ce que ce ne sont pas des réalités quand même justifiables ?

Je peux comprendre l’impatience d’un pays comme l’Allemagne au regard de cette problématique. Pour rappel, Allemands et Français ont su dépasser leurs antagonismes pour créer dans un 1er temps la Communauté économique du charbon et de l’acier, qui est devenue progressivement l’Union européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui. Alors, même si on ne peut calquer exactement le modèle qui a cours en Europe, il me plaît d’indiquer qu’avec nos regroupements régionaux tels que la CEDEAO, pour ce que je sais, nous parvenons graduellement à réduire les difficultés liées à la libre circulation des biens et des personnes, à évoluer sensiblement vers une zone de libre-échange africaine. Il nous faut toutefois poursuivre la sensibilisation à faire appliquer par tous, les textes communautaires que nous adoptons.

Ce regroupement souhaité n’est-il pas pour les Allemands une façon de briser le pré-carré français qui alourdit le processus de coopération avec bien de pays Africains ?

Je ne le pense pas, parce que le pré-carré français est lui-même une figure de style. Ceux qui le pensent se laissent malheureusement induire en erreur par une perception obsolète. Moi, je sais que la Côte d’Ivoire est ouverte à tous les investisseurs. Toute entreprise pourrait venir s’installer et trouver des partenaires locaux. De tout temps, des firmes chinoises, libanaises, israéliennes, françaises ou allemandes, ont toujours prospérer, car dans nos marchés, il y a de la place pour tout le monde.

Pendant que vous êtes en Allemagne, en Côte d’Ivoire se sont tenues les élections locales, qui ont fait beaucoup de bruits. Comment de l’extérieur vous avez vécu tous ces bruits qu’a suscité ce scrutin ?

J’ai quitté Abidjan le soir du 13 octobre, jour de vote. J’ai donc eu le temps d’accomplir mon devoir citoyen. Par contre, et cela est déplorable, nos élections, qu’elles soient, locales, législatives, ou présidentielles sont toujours émaillées de violences, de doutes quant à la légalité et la légitimité des scrutins. Je suis peinée de voir que nous ne parvenons pas à apprendre de nos erreurs. Il faut que nous arrivions à faire cesser cela par une prise de conscience collective, ainsi que par la confiance en nos institutions inspirée par plus de transparence et de bonne gouvernance dans lesquelles elles sont appelées à s’illustrer.

Eu égard à ce qui s’est passé à ces élections locales, y a-t-il lieu de craindre pour 2020 ?

La plupart des acteurs politiques ivoiriens ont effectivement le regard tourné vers 2020. Ils sont tellement obnubilés par cette échéance qu’ils en oublient les urgences quotidiennes. Me concernant, je ne pourrai pas vous dire que ces élections 2018 me plongent automatiquement dans une grande réflexion pour 2020. Par contre, ces scrutins me rappellent à quel point il importe que le pays avance. Mais qu’il avance dans la bonne direction, avec toutes ses filles et tous ses fils, chaque jour, et c’est cela qui devrait être notre préoccupation à tous. Et j’aimerais que nous soyons plus nombreux à comprendre que les efforts doivent-être faits, pas seulement en période électorale, ou à des fins électoralistes. Mais plutôt, à tout moment, par le citoyen lambda, à travers les activités des ONG, l’engagement de la Société Civile, les Associations de femmes, de jeunes, et même par les précieuses contributions de nos chefs religieux, coutumiers et traditionnels. Il nous appartient donc à tous d’être les garants des prochaines élections, sinon nous risquons fort de tous le regretter.

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