
Une visite effectuée, vendredi (25 janvier 2019, Ndlr), par l’AIP, dans le campement de Petit Guiglo, rattaché au village d’Ahua, dans la sous-préfecture de Tiassalé, a permis de voir une population partagée entre colère et résignation, 24 heures après le déguerpissement du site par des machines, sous haute surveillance des éléments de la gendarmerie, du fait d’un conflit foncier.
Jeudi, une décision de la cour suprême ordonnait le déguerpissement des paysans qui occupaient les terres, désormais propriétés des ayants droit de feu Adjoumani Ambroise. Toutes les maisons y ont été démolies, sauf la cabane qui servait d’abri pour l’école de fortune et la petite église à l’entrée du village. Les machines ont tout détruit sur leur passage, avant même que certains, absents des lieux, et même ceux qui étaient présents, aient pu sauver l’essentiel.
C’est le cas de la famille de Kouassi Blaise, qui est restée médusée et inerte face à la désolation. Elle n’a pas eu le courage d’entrer dans la maison pour récupérer des affaires. Le chef de famille apprend que cette maison l’a vu naître, il y a 49 ans. “Mon père est venu de Sakassou en 1935, et il a vécu ici. Petit Guiglo est ma vie, et je n’ai nulle part où aller. C’est pourquoi, moi, mes enfants et mon épouse avons dormi à la belle étoile”, a indiqué M. Kouassi, disant confier son sort à Dieu, en tant que “le dernier recours”.
Kouadio Kouakou Alphonse, la cinquantaine, ne décolère pas avec ses neufs enfants. Il rapporte que ces enfants n’iront plus à l’école, alors que l’Etat a rendu l’école obligatoire. En effet, pour lui, ses dix hectares de cacao sont toute la richesse qu’il possède, et l’en déposséder, c’est ruiner sa vie. Il dit n’avoir rien appris d’autre que les travaux champêtres, et se trouve être trop vieux pour devenir ouvrier agricole, lui qui employait un métayer. C’est pourquoi, il demande une indemnisation financière des victimes d’expropriation. Il souligne, lui aussi avec sa famille, avoir passé la nuit, à côté des effets qui ont pu être sauvés, y compris les animaux domestiques à savoir les cabris et les volailles attachés à côté.
La plupart des familles déguerpies ont quitté le campement de Petit Guiglo, pour N’douci ou d’autres localités, a-t-on appris. Comme on le voit, la colère et la résignation se lisent sur le visage des habitants rencontrés vendredi matin. Tous attendent le secours de Dieu ou un geste de compassion de l’Etat, pour réapprendre à vivre. Petit Guiglo ou Ngorankro, campement d’environ 300 âmes, est peuplé essentiellement d’allochtones Baoulé et de quelques ressortissants de la Cedeao. Ils occupent des terres qui ont été attribuées à la famille Adjoumani du village d’Ahua, par la justice, précisément un arrêt de la cour suprême qui a ordonné leur déguerpissement.
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