
Le procureur de la République a annoncé que cinq prisonniers ont péri lors d'une opération de fouille qui a dégénéré en affrontement, le mardi 3 juin 2025, au sein de la prison de Bouaké, une ville majeure située au centre de la Côte d'Ivoire.
Vingt-neuf individus ont subi des blessures, dont 23 détenus et 6 gardiens de prison.
Selon le site international d'information Prison Insider qui évalue les systèmes carcéraux à l'échelle mondiale, la Côte d'Ivoire abrite 27.000 détenus, ce qui représente un taux d'occupation des prisons de 297%, l'un des plus élevés au monde.
« Ce mardi 03 juin 2025, l’administration pénitentiaire a procédé à une fouille au sein de la maison pénale de Bouaké, en vue d’extraire de la détention tous les objets contraires à la réglementation susceptibles de s’y trouver », a écrit Abel Nagbele Yeo dans un communiqué.
Il a évoqué une opération de « routine pénitentiaire (…) jusqu’à ce que, parvenus au Bâtiment E, les agents se heurtent à l’hostilité des détenus de ce pavillon, qui s’en prenaient à eux à l’aide de gourdins, de machettes et d’autres objets contondants ».
« Pris à partie et débordés, lesdits agents, pour desserrer l’étau, faisaient des tirs de sommation pour couvrir leur repli », puis « l’appui des forces de la gendarmerie et de la police nationale a permis de circonscrire les violences et de rétablir l’ordre », a-t-il ajouté.
D'après le procureur, on dénombre cinq prisonniers tués et vingt-neuf blessés qui ont été « pris en charge ».
De plus, M. Yeo a indiqué que l'opération de fouille « s'est déroulée sans autres incidents » et « a abouti à la saisie de plusieurs blocs de cannabis, de comprimés de Tramadol, d'une dizaine de téléphones portables dont huit smartphones, ainsi que trois grenades, des armes blanches, etc., strictement prohibées en détention ».
En avril, toujours à la maison d'arrêt de Bouaké, un prisonnier a succombé par asphyxie et trois individus ont été blessés au cours d'une tentative d'évasion.
Une semaine plus tard, une émeute à la maison d'arrêt d'Abidjan avait fait douze blessés parmi les détenus, en réaction à une mesure mise en place dans le cadre de la lutte contre la drogue en milieu carcéral.
Selon Prison Insider, les organisations de la société civile en Côte d'Ivoire soulignent fréquemment l'abus de la détention préventive et le faible usage des mesures alternatives à l'emprisonnement.
Pour sa part, le Comité de l'ONU contre la torture avait exprimé en juillet son inquiétude face aux informations rapportant une « surpopulation carcérale extrême » et des conditions de détention déplorables dans le pays.
Les responsables affirment avoir inauguré plusieurs prisons récemment et que différentes grâces présidentielles distribuées entre 2019 et 2023 ont contribué à la libération d'environ 11.000 déténus.
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